Je ferai pour ma part un constat, car en tant que pharmacienne je connais bien le problème de la démographie médicale.
La désertification médicale va s'aggraver dans les dix prochaines années. Notre rôle est donc de définir une vraie stratégie, qui a largement été oubliée ces dernières années ; le défi est bien d'attirer les futurs médecins dans des territoires peu attractifs. Cela passe d'abord par une communication positive, puisque nous avons énormément de peine à accueillir des internes, notamment en milieu rural.
Cela passe ensuite par un accompagnement de ces internes pour leur faire découvrir le territoire. Je peux témoigner, puisque je suis élue de Saône-et-Loire, que tout est bien plus simple quand nous organisons un cocktail pour les accueillir dans une bonne ambiance.
Cela passe enfin par la création de liens avec toute la communauté médicale. Car il n'est pas toujours facile d'établir une bonne ambiance entre les médicaux et les paramédicaux ; un interne ne restera pas s'il y a des tensions. Les jeunes, aujourd'hui, ont besoin que l'ambiance soit bonne.
Vous l'avez dit, monsieur Dhumeaux, il serait peut-être intéressant de rémunérer les internes pour qu'ils viennent découvrir le milieu rural. Vous avez raison, ils ne peuvent pas se permettre de perdre leur job.
Par ailleurs, la délégation d'actes me paraît essentielle, certains pouvant facilement être réalisés par des pharmaciens ou des infirmiers.
S'agissant des cabines de consultation, j'y suis opposée car elles sont déshumanisantes. En revanche, que la télémédecine soit passée dans le droit commun à la faveur du dernier projet de loi de finances (PLF) est une avancée importante. Pour avoir développé dans mon officine la télédermatologie – de la télé expertise –, je puis vous affirmer que cela rend un immense service aux personnes qui ne peuvent consulter un spécialiste avant des mois. En 48 heures, le diagnostic est posé et le patient peut commencer un traitement.
La télémédecine est différente de la cabine, puisque le patient est accueilli dans un espace confidentiel par un professionnel de santé qu'il connaît bien. Dès septembre, les téléconsultations démarreront et même si ce n'est pas la panacée, il s'agit d'une bonne solution.
Comme vous tous, j'ai également une opinion assez négative des ARS, ayant conduit un contrat local de santé pendant quatre ans. Le rôle de l'ARS devrait être, non pas de nous mettre des freins, mais de nous accompagner. Par ailleurs, des élus devraient effectivement siéger dans les ARS car lorsqu'un hôpital ferme, ce sont les premiers à être interpellés.
Enfin, monsieur Dhumeaux, vous l'avez cité en exemple, des paramédicaux de ma circonscription se sont regroupés en vue d'ouvrir deux maisons de santé. Si, pour l'instant, aucun médecin n'est prévu, ils espèrent en convaincre. Or l'ARS refuse ce projet faute de médecin ! Cela est très dommageable. C'est la raison pour laquelle j'ai été ravie d'entendre Mme la ministre dire, lors de la discussion du dernier PLF, qu'elle donnerait davantage de possibilités aux collectivités pour innover. Mais attention : il conviendra d'innover de façon territorialement adaptée, car ce qui s'applique à un territoire n'est pas forcément adapté à un autre. Laissons aux professionnels de santé et aux élus qui connaissent leur territoire la liberté de construire un projet en fonction de leurs besoins.