Tout d'abord, je voudrais vous rassurer, je n'ai aucunement l'intention d'être aux affaires nationales demain, le département est ma seule motivation !
Ensuite, comme je l'ai fait dans mon département, il est nécessaire de réaliser un diagnostic de la situation ; j'ai d'ailleurs dépassé les frontières de mon département, la Saône-et-Loire ne disposant pas de faculté de médecine. Je suis favorable à une régulation : tous les territoires ne disposant pas des mêmes ressources, il serait regrettable que seuls ceux qui ont les moyens de mettre en place des politiques dynamiques puissent le faire – je pense aux métropoles. L'État doit avoir une vision nationale et accompagner les territoires.
Le transfert de compétences doit se faire à l'échelle du département. C'est ce que j'ai essayé de faire avec le centre de santé, le département pouvant équilibrer les choses sur tout son territoire.
En ce qui concerne les aides financières, il est indispensable de les régulariser. Si j'ai lancé ce centre départemental de santé, c'est pour une raison précise. Je puis vous citer un exemple concret de deux petites villes que 20 kilomètres séparent. L'une est plus désertifiée médicalement parce que les médecins se sont installés dans celle qui leur fait bénéficier d'avantages fiscaux pendant cinq ans. Résultat : les habitants qui ne peuvent pas se rendre dans la ville voisine, surpeuplée en médecins – nous n'avons ni métro ni bus, simplement des routes départementales –, n'auront pas accès aux consultations. L'État doit donc remettre de l'ordre dans ses dispositifs financiers.
Un transfert de compétences en ce domaine, oui, mais partiel.
Monsieur Jacques, je n'ai jamais parlé de 7 500 euros, mais de 7 000 euros maximum, si le médecin effectue des heures supplémentaires et travaille 39 heures. En moyenne, les médecins recrutés touchent entre 6 000 et 6 500 euros nets par mois.
En leur proposant un tel salaire, je n'ai pas d'abord pensé à leur qualité de vie, mais aux habitants de Saint-Léger-sous-Beuvray et de Saint-Christophe-en-Brionnais qui n'avaient plus de médecin depuis dix ou quinze ans. Ensuite, nous avons voulu tirer les leçons des solutions qui ont échoué et tenir compte de la souffrance des médecins libéraux dans les territoires ruraux, pour leur proposer une solution attractive.
La désertification médicale concerne aussi bien le milieu urbain que le milieu rural. J'ai également embauché six médecins généralistes à Chalon-sur-Saône – ville de 60 000 habitants ; en peu de temps, leur agenda a explosé.
De même, quand je suis arrivé à Saint-Léger-sous-Beuvray avec un médecin sous le bras, les habitants étaient heureux – tout comme le pharmacien –, tous n'ayant pas la possibilité de parcourir 10 kilomètres pour aller consulter dans la ville la plus proche.
Pour le centre de santé départemental, j'ai ouvert le recrutement en octobre et les dix premiers médecins ont démarré leurs consultations en janvier. Aujourd'hui, le dispositif étant connu, les médecins signent plus facilement ; tout va donc très vite.
Concernant les consultations, les médecins réservent chaque jour quelques heures pour les urgences – les personnes sans rendez-vous. Les pôles fonctionnent de 8 heures à 20 heures, tous les jours, et les médecins effectuent des permanences dans les antennes, en fonction des besoins. Nous allons également établir un système de garde. Cependant, je n'ai pas voulu les asphyxier dès leur arrivée – de peur qu'ils repartent –, j'ai donc demandé à l'Ordre des médecins d'attendre que trente ou quarante médecins aient pris leur fonction pour répartir les gardes. Mais les médecins le savent, les gardes sont prévues dans leur contrat.
Enfin, quand nous aurons recruté suffisamment de médecins, nous rétablirons la consultation à domicile – peut-être dès la fin de l'année.