Cet amendement part d'un double postulat.
Premièrement, l'Assemblée n'est pas seulement la fabrique la loi. C'est aussi un lieu politique, un lieu de la représentation des conflits, des idéaux, des espoirs et des colères qui traversent la société. Il s'agit de faire en sorte que cela aussi soit représenté. Aujourd'hui, par exemple, le temps des questions d'actualité au Gouvernement est un exercice politique, détaché du travail législatif.
Deuxièmement, la séparation des pouvoirs est aujourd'hui une fiction. Nous allons défendre un certain nombre d'amendements pour distendre le lien entre l'exécutif et le législatif mais, pour l'instant, la confusion est quasiment totale entre les deux. Le véritable du chef du Gouvernement se trouve à l'Élysée.
Lucien Goldmann expliquait dans une étude qu'il y avait, chez Racine, un « Dieu caché », un Dieu qui n'était jamais évoqué mais qui, en fait, régnait sur la totalité des pièces de Racine et décidait de ce qu'il s'y passait. Il ne faudrait pas que le Président de la République soit aujourd'hui le Dieu caché de la politique, c'est-à-dire qu'il décide de tout ce qu'il peut se passer à l'Assemblée nationale et dans la vie politique française sans descendre lui-même dans l'arène pour expliquer ses choix.
Par cet amendement, je propose que le Président de la République, puisqu'il est le véritable chef du Gouvernement, se présente devant la représentation nationale pour répondre aux questions qui lui seraient donc directement posées.