Monsieur le Premier ministre, le présidentialisme étend autant qu'il le peut son ombre sur la République, et ce n'est pas l'idée que nous nous faisons d'une République démocratique. Hier, nous avons pu entendre le Président défendre obstinément votre action et détailler votre feuille de route, et ce n'est pas l'idée que l'on peut se faire d'une République sociale.
Depuis un an, vous avez produit de nombreux dégâts dans la vie quotidienne des salariés, des retraités, des personnes privées d'emploi, des jeunes… Votre République, c'est celle des premiers de cordée, des inégalités, d'une aristocratie à laquelle le système reconnaît du mérite ; c'est tellement peu la République, au fond. Il n'y aura pas de gâteau pour tout le monde, nous dit-on, pendant que quelques-uns s'en mettent plein la serviette. Cette vieille histoire de gâteau que l'on ne pourrait pas partager manque de respect à celles et ceux dont le travail crée la richesse.
Vous essayez de vendre votre politique en vous payant de mots, de mots contraires, de mots déguisés. Expliquez-nous : comment allez-vous améliorer le maillage des services publics en mettant à genoux les communes, en réduisant toujours plus les moyens de l'État, en supprimant massivement, à Bercy et aux douanes, des effectifs qui rapportent plus qu'ils ne coûtent ? Comment allez-vous répondre à la crise de l'hôpital public ou au défi de la perte d'autonomie tout en consacrant 40 milliards d'euros aux grandes entreprises en 2019 via le CICE, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, et les allégements de cotisations sociales patronales ? Comment allez-vous lutter contre les inégalités en défendant joyeusement le capitalisme, en sapant les fondements de la Sécu, en attaquant les aides sociales, en privatisant des services publics, en appliquant les recettes libérales qui donnent le pouvoir au marché et consacrent l'impuissance publique ?