Tous ces concepts sont d'un maniement délicat. Il est extrêmement difficile d'exprimer en quelques secondes ce que l'on en pense. Nonobstant l'opposition qui semble exister entre nos points de vue, Philippe Vigier et moi-même disons la même chose, à ceci près qu'il nomme « territoire » ce que j'appelle « structure politique ».
Je crois profondément à la nécessité d'enraciner la République dans les communes, car la République jaillit de la commune. La vraie frontière culturelle qui traverse l'Europe sépare ce qui est en deçà et ce qui est au-delà des limes de l'Empire romain. En deçà, c'est la cité, avec la citoyenneté et l'édit de Caracalla ; autrement dit, ceux qui se trouvent là décident ensemble ce qu'il y a à faire sans que l'on se préoccupe d'où ils viennent. Au-delà, c'est la horde et la tribu – je le dis sans mépris – où s'appliquent un autre régime de délibération collective et le droit du sang. Voilà dans quoi est ancrée l'identité républicaine de notre patrie.
Je ne nie pas qu'il y ait des différences culturelles qui fondent des groupes ou des communautés. Cependant, entre le groupe et la communauté, il y a une différence, celle entre l'en-soi et le pour-soi. Les membres d'une communauté ne se trouvent d'ailleurs pas forcément au même endroit.