Je vous entends répéter depuis un moment que le peuple français est un et indivisible. C'est certainement vrai de votre point de vue, mais, pour ceux qui sont aux antipodes, c'est beaucoup moins évident. Le 2 avril 1768, quand Louis-Antoine de Bougainville a débarqué en baie de Matavai, il n'a pas été accueilli par les cocotiers, mais par un peuple, qui avait une histoire, une culture, des dieux, une langue.
Aujourd'hui, j'entends dire qu'il n'y a pas de territoire, et que ce terme recouvre une construction politique. Mais dans le statut d'autonomie de la Polynésie française, il est bien écrit que celle-ci est un pays ! Il faudrait savoir : soit il existe des pays d'outre-mer, soit il n'en existe pas, auquel cas il faut modifier le statut d'autonomie de la Polynésie française, supprimer le mot de pays et arrêter de tromper les Polynésiens en leur faisant croire qu'ils habitent un pays.
Il y a deux façons de voir le peuple : soit on le considère comme un arc-en-ciel, fait de couleurs qui peuvent coexister, soit on adopte une vision assimilationniste, on veut un rouleau compresseur, une machine à faire un peuple d'une seule couleur. C'est le second point de vue que j'entends s'exprimer ce soir, et cela me désole un peu.