Ce n'est pas à un renouveau de la pratique des institutions que l'on assiste mais à la mise en scène de ses travers : concentration et centralisation du pouvoir dans les mains du chef de l'État, dévalorisation du Parlement, défiance à l'égard des contre-pouvoirs – élus, syndicats, associations, journalistes – , isolement d'un pouvoir présidentiel gonflé de certitudes et insensible aux cris de colère poussés par le peuple.
Terrible constat : ce régime brutalise la démocratie ! L'objectif du lifting constitutionnel n'est pas de le démocratiser. Il est au contraire d'en accentuer la dérive oligarchique.
La version macroniste de la Ve République s'inscrit en effet dans une forme de continuité aggravée. Elle place les représentants du peuple dans un rôle passif de spectateurs du pouvoir. Elle en réduit le nombre pour en faire des élus hors sol, coupés des réalités du quotidien. Un modèle de gouvernement où le Président de la République et ses conseillers de la haute administration décident, tandis que le Gouvernement joue les porteurs d'eau et que le Parlement exécute. Il ne s'agit pas de légiférer, mais d'exécuter au plus vite la décision du manageur en chef de la start-up nation.