Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du lundi 9 juillet 2018 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Le dossier syrien illustre l'appétence de la diplomatie macroniste pour la pure communication et les coups d'éclat. C'est ainsi que dans l'affaire de l'attaque chimique sur la population de la Ghouta orientale, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont joué avec la légalité et la sécurité internationales sans attendre les conclusions de l'enquête internationale, dont les responsables ont depuis indiqué n'avoir pas trouvé de preuve de l'usage de gaz innervants. Quelle indignation sélective ! Quelle conscience humaniste à géométrie variable ! Le silence français à l'égard de l'intervention saoudienne au Yémen et du conflit israélo-palestinien l'atteste.

Dans le dossier palestinien, plus délicat que jamais, et trois ans exactement après la sanglante opération « Bordure protectrice », Emmanuel Macron a affiché une relation personnelle privilégiée avec Benyamin Nétanyahou, son « cher Bibi », en visite à Paris. Cette stratégie du « bilatéralisme personnalisé » n'a produit aucun résultat tangible en faveur d'une solution de paix. Au contraire, le chef du gouvernement nationaliste d'extrême-droite se trouve conforté par ce reniement des valeurs de la France.

Quant à la gestion de la crise migratoire, le sens de l'irresponsabilité continue de primer, comme l'atteste l'épisode de l'Aquarius : de la condamnation politique et morale de l'Italie et de Malte à l'absence de volonté de porter assistance à des personnes en danger, c'est le jeu des hypocrisies qui a prévalu. L'exécutif français s'est englué dans une série d'arguties juridiques qui légitiment, au bout du compte, le discours anxiogène sur l'accueil des réfugiés, qui sont réduits à une menace sécuritaire et identitaire. L'Europe en général et la France en particulier s'alignent piteusement sur l'argumentaire des partis xénophobes, dont les discours guident désormais l'action des capitales européennes.

Cette défaillance collective nourrit les replis et les populismes nationaux. En l'absence de réponses à la hauteur des enjeux politiques et moraux de cette crise migratoire, c'est le sens du projet européen qui se couvre d'un manteau noir, instillant plus que jamais le doute sur notre communauté de destin. Quelle Europe voulons-nous : une forteresse repliée sur elle-même ou une Europe solidaire ?

Face à la politique de reniement des valeurs de la République et aux dérives autoritaires et libérales de la majorité au pouvoir, nos concitoyens peuvent compter sur nous, députés communistes, avec les progressistes qui sont à nos côtés, pour défendre leurs droits au nom d'un modèle de société digne de la devise républicaine.

C'est cet engagement que nous avons voulu porter en participant à ce congrès. C'est ce même engagement que nous avons symboliquement affirmé cet après-midi, devant la salle du Jeu de Paume, pour préparer « … des jours et des saisons À la mesure de nos rêves. » Ce sont les rêves du peuple de France, de la Bastille à la Commune, du Front populaire à la Résistance et à la sécurité sociale. De la Ve République à la VIe République que nous voulons, les rêves du peuple de France, c'est notre combat !

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