Je commencerai par indiquer que, bien qu'étant autonomiste, je n'ai pas formulé, dans tous mes amendements comme dans ceux que j'ai déjà présentés, de demande d'accès de la Martinique à l'autonomie, car je sens clairement que la France n'est pas encore disposée à aller dans le sens de ce que je pourrais appeler la logique de l'organisation des peuples.
Je suis toutefois surpris de la réponse un peu limitée que nous venons d'entendre. En effet, il y a, notamment dans le Préambule de la Constitution, des droits réservés. Vous n'avez pas employé le terme d'« autodétermination », mais vous avez explicitement affirmé dans le Préambule le principe de libre détermination des peuples. Or, vous ne pouvez pas affirmer ce droit et, en même temps, en restreindre les possibilités.
Cela ne veut pas dire que vous l'acceptiez. Chaque population, chaque peuple, comme vous le dites, a le droit de faire un choix – et nous parlons ici de 1958, pas d'aujourd'hui : il a un droit à l'indépendance, un droit à l'autonomie et un droit à rester dans la République décentralisée.
Aujourd'hui, la France a fait un pas dans le sens de la République décentralisée, mais je conteste fermement l'idée selon laquelle, au motif qu'on parle une langue différente et qu'on a une spécificité ou une singularité, on brise l'unité de la République. Ce n'est pas vrai. Au contraire, en donnant à ces collectivités la possibilité d'avoir une organisation plus autonome et plus libre, on libère leurs énergies et on met en valeur leur culture et leur identité, on construit quelque chose en commun et cela ne devient pas du folklore – car folkloriser sa culture, c'est la mettre à l'écart.
On ne peut pas décider à 8 000 kilomètres de distance du moindre détail de ce qu'il faut faire à Fort-de-France. Le droit à l'autonomie me semble donc précieux. Sans doute, vous n'y êtes pas prêts, mais il n'en faut pas moins ouvrir ce débat. Ce droit me semble en effet très important pour l'avenir.