Intervention de Gilles Fumey

Réunion du mercredi 27 juin 2018 à 11h00
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Gilles Fumey, professeur de géographie culturelle à l'Université Paris Sorbonne IV Lettres, Pôle alimentation, risques et santé :

Je suis très heureux que vous me posiez cette question, car c'est vraiment une tarte à la crème. J'ai enquêté en Suisse, où les élèves suivent des cours de cuisine dans chaque école : on voit que l'alimentation industrielle est générale. Pardonnez-moi si je m'exprime avec maladresse, mais je ne pense pas que l'on puisse changer le « logiciel » d'un enfant dont les parents laissent la télévision allumée toute la journée en lui donnant des cours de cuisine à l'école. Lorsque le réfrigérateur est rempli de produits achetés le samedi dans la grande distribution et que les parents sont absents au moment où l'enfant rentre de l'école, celui-ci n'aura pas le choix. Il y a toujours des enfants intéressés par l'alimentation, comme il y en a qui aiment le foot ! Il ne faut donc pas négliger cet aspect, mais je pense que ce n'est pas la peine de systématiser un enseignement. En revanche, on peut insister sur la valeur de l'alimentation dans les cours de sciences de la vie et de la terre. Le fond de cette affaire est culturel, bien sûr, mais qu'est-ce que la culture ? C'est notre rapport au monde, c'est l'avenir. On peut aider les jeunes – ce que je fais en formant des professeurs d'histoire-géographie – en leur faisant entendre un autre discours que celui-ci qui vaut peut-être chez eux. Dimanche dernier, lors d'un baptême à Paris, où les parents avaient utilisé, par paresse, des assiettes en carton et des couverts en plastique pour 40 personnes – cela représentait deux énormes sacs-poubelles à la fin de la journée –, j'ai été stupéfait d'entendre une petite fille de 7 ans dire à ses parents que, pour le baptême du plus petit, il faudrait cette fois « zéro déchet ». Elle m'a dit qu'elle avait entendu ça à l'école. Je crois qu'il y a une vraie sensibilisation à faire, mais sans aller jusqu'à donner des cours de cuisine.

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