Intervention de Gilles Fumey

Réunion du mercredi 27 juin 2018 à 11h00
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Gilles Fumey, professeur de géographie culturelle à l'Université Paris Sorbonne IV Lettres, Pôle alimentation, risques et santé :

Vous posez une question sur laquelle nous avons beaucoup travaillé – les peurs alimentaires – et qui rejoint ce que j'ai dit tout à l'heure à propos de la néophobie. À l'époque de Platon, on soulignait déjà que l'on ne sait pas ce que l'on mange. On trouve aussi des quantités de références à ce type de peurs au XIXe siècle. Madeleine Ferrières a écrit un très bel ouvrage intitulé Histoire des peurs alimentaires, qui va essentiellement du Moyen-Âge à nos jours. La peur est constitutive de notre rapport à l'alimentation, car nous introduisons dans notre corps quelque chose qui peut nous empoisonner. Il faut accepter l'idée que nous n'allons pas chasser cette peur. C'est d'ailleurs là que l'on exerce sa liberté de choix : quand on introduit quelque chose dans son corps, on s'interroge sur les bienfaits ou la nocivité que cela peut avoir. Cette question se pose aujourd'hui pour le glyphosate, mais il est probable qu'elle concernera aussi d'autres sujets dans quelques années, par exemple le bio. Ne soyons pas dupes… Demandons-nous plutôt ce que l'on peut faire de cette peur à l'égard de certains produits, comme vous l'avez suggéré dans votre question. Cela peut nous aider à construire des filières non pas seulement propres, selon les indications que les chimistes peuvent nous donner, mais correspondant aussi à ce que souhaitent les citoyens d'aujourd'hui. Je pense que vous avez un rôle à jouer dans ce domaine : les citoyens veulent que vous adoptiez des lois comportant un maximum d'éléments pour les protéger d'un certain nombre de peurs.

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