Vous mettez le doigt sur le fondement même du droit. C'est un outil qui reflète ce dont nous avons besoin à une époque donnée afin de vivre : on demande qu'il y ait tel ou tel encadrement par la loi. Les gens, peut-être à cause de peurs qui ne sont pas rationnelles, car tout ne l'est pas nécessairement, ont une approche complètement nouvelle de l'alimentation. Je suis tout à fait d'accord avec M. Macron quand il distingue l'ancien et le nouveau monde. J'ai vraiment le sentiment que mes élèves, mes étudiants et mes jeunes chercheurs n'évoluent pas du tout dans le même monde que moi.
C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons créé le master « alimentation et cultures alimentaires » à la Sorbonne. Des jeunes venant de tous les milieux ont envie de faire quelque chose pour l'alimentation, mais ils ne savent pas quoi. On va ainsi accompagner quelqu'un qui s'intéresse à la bière dans le cadre d'un projet de brasserie à la Goutte-d'Or, quand d'autres sont plutôt intéressés par le chocolat… Il y a une jeune génération qui veut, comme nous l'avons fait à notre époque, entrer dans un autre modèle alimentaire, un autre monde. Votre travail en tant que législateur consiste à entendre cette attente, à mon avis – on insiste beaucoup sur votre lien avec le terrain, qui fait votre force – et à accompagner les gens grâce à des textes qui vont les pousser vers le haut au lieu de les contraindre.