Je n'ai pas étudié ce type de mécanismes. Cependant, il y a quelques années, nous avons réalisé, avec des épidémiologistes, des travaux sur l'accroissement de la consommation de fruits et légumes, car c'est un axe qui nous semble important pour faire évoluer la diète dans un sens favorable à la santé et à l'environnement. Nous avions comparé, d'une part, une politique consistant à baisser les prix des fruits et légumes de façon générale à l'aide de subventions et, d'autre part, une politique consistant à donner des bons d'achat « fruits et légumes » à une partie de la population qui a de faibles revenus et consomme relativement peu ces produits par rapport au reste de la population. Nous en avons conclu que, pour un même montant d'intervention, la seconde politique pouvait être globalement plus bénéfique que la première, à condition que le montant de ces bons soit suffisamment élevé par consommateur, c'est-à-dire supérieur à la dépense initiale en fruits et légumes de celui-ci. Sinon, cela sera considéré comme une augmentation de revenus, et l'argent économisé grâce aux bons sert à acheter n'importe quoi d'autre. Des travaux menés dans d'autres pays ont corroboré ces conclusions. Une expérimentation dans ce domaine pourrait être intéressante.