Le suivi médical post-professionnel ne concerne pas que l'amiante, mais aussi l'ensemble des cancérogènes. En revanche, il est vrai que dans le nombre infime d'examens réalisés, l'amiante se taille la part du lion puisqu'il concerne plus de 90 % des examens de suivi post-professionnel, les autres polluants se partageant les quelque 10 % restants.
Cette situation présente certes des difficultés objectives mais s'explique aussi par une absence de volonté politique. Les difficultés objectives, d'abord : il est difficile d'aller au contact du monde médical sans être malade. Cette démarche n'est pas spontanée ; elle se construit par des explications. Les salariés en activité sont regroupés sur un même lieu de travail ; ils appartiennent à une collectivité et peuvent s'appuyer sur les organisations syndicales et le médecin du travail. Les personnes bénéficiant d'un suivi médical post-professionnel sont seules. Ces difficultés objectives peuvent être surmontées par l'explication et la préparation en amont, sur le lieu de travail, des futurs retraités à cette échéance.
La volonté politique, ensuite : pourquoi consacrer des moyens – brochures, séquences filmées, etc. – à l'information relative aux risques de cancer du sein ou du colon et non pour les maladies professionnelles, qui concernent pourtant des millions de personnes ? La Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) a pris une initiative allant dans ce sens en proposant un suivi médical à tous les bénéficiaires de la cessation anticipée d'activité. Hélas, cette initiative a été réalisée dans des formes telles qu'elle a suscité, dans un certain nombre de cas, la défiance des personnes concernées plutôt que leur adhésion.
Que faut-il en conclure ? Les choses se construisent à partir du terrain, car c'est là que se trouvent les médecins, les caisses primaires, les consultations de pathologies professionnelles, les associations et les organisations syndicales. En rassemblant tous ces acteurs autour d'un projet commun de suivi médical, vous soulèverez des montagnes ! Il en résultera en effet une synergie et un travail inscrit dans la durée. Malheureusement, les initiatives de ce type sont rares sur le plan national, et souvent menacées qui plus est.