« La réforme est faite, voici le diagnostic ! » Tel est l'ordre des facteurs, si j'en crois votre présentation, qui ne vient qu'après notre examen du projet de loi sur la formation professionnelle. Mais chacun sait qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un bon diagnostic pour faire une intervention chirurgicale...
Vous partez de ce qui semble être un problème de fond : un prétendu lien évident entre la population des chômeurs et le manque de formation. Mais il serait aisé de montrer, en ce domaine, l'existence d'un biais statistique : les chômeurs sont en effet, par la force des choses, les actifs les moins bien formés. Suffit-il cependant de les former pour qu'ils trouvent un emploi ? C'est pourquoi il me semble que nous devons pousser l'analyse plus avant – loin de moi l'idée de dire qu'il ne faut pas former les gens –, pour comparer plutôt les emplois réellement vacants et le niveau qui serait requis pour qu'ils soient pourvus. La file des demandeurs d'emploi, qui compte beaucoup de gens peu formés, ne me paraît donc pas, à cet égard, fournir d'indication sur les priorités que nous avons à définir.
Vous dénoncez la complexité du système, le cloisonnement des objectifs, et les politiques de formation et de remise à niveau des demandeurs d'emploi et des salariés. Dans votre rapport, vous écrivez qu'il convient « de faire davantage de place à la fois aux formations de remise à niveau et à celles qui permettent un accès rapide à l'emploi ». La formulation de doubles ou triples priorités de ce genre me semblait pourtant jusqu'à présent réservée... aux hommes politiques. Il est vrai que le Président de la République a lui-même déclaré que la priorité devait aller aux demandeurs d'emploi et qu'en même temps, la formation devait être proposée tout au long de la vie.
Vous dénoncez par ailleurs une gestion quadripartite. Comme Gilles Le Gendre, je voudrais savoir quels résultats elle dégage. Monsieur le président Duchadeuil, vous qui, à la Cour des comptes, avez appartenu à la chambre compétente pour l'éducation, puis à la chambre en charge des politiques sociales, comment voyez-vous le rapport entre l'éducation nationale et Pôle emploi ?