Intervention de Christophe Euzet

Réunion du mercredi 6 juin 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Euzet :

Merci, messieurs, pour cette discussion très enrichissante. En tant que juristes, nous sommes en grande difficulté face à un progrès fluide, exponentiel, qu'il est de plus difficile de canaliser. Pour être honnête, j'ai le sentiment que nous ne résisterons pas à l'injonction de performance que vous avez évoquée : l'homme augmenté aura des attraits tels que nous ne saurons y résister, de même que nous ne résisterons pas aux exigences de la commercialisation du progrès – vous l'avez dit, lorsqu'il n'y a rien à vendre, c'est que nous sommes le produit. Il n'en demeure pas moins que le législateur a pour mission de définir des cadres et qu'il doit légiférer à court terme. Va donc se poser la question de la récurrence des dispositifs législatifs que nous sommes appelés à adopter, car le droit doit être opératoire.

Cela me conduit à soulever deux questions plus fondamentales encore dont nous ne pourrons faire l'économie. Tout d'abord, comment pourrons-nous rester compétitifs si nous nous interdisons, dans la recherche, ce que d'autres, moins scrupuleux que nous, s'autorisent ? Ensuite, d'un point de vue démocratique, comment éviter un débat de spécialistes, qu'ils soient neuroscientifiques ou juristes, sur un tel choix de société ? De fait, le transhumanisme ne manquera pas de déboucher sur une forme de post-humanisme. Je suis convaincu, du reste, que nous faisons partie des dernières générations de sapiens sapiens que la nature aura produits naturellement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.