Intervention de Danièle Obono

Réunion du jeudi 5 juillet 2018 à 10h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Madame la ministre, je suis interloquée. Vous indiquez que le Conseil européen est parvenu à une solution globale, coopérative et conforme aux valeurs de l'Union européenne. J'aurais aimé que ce soit effectivement le cas, mais le mouvement auquel j'appartiens ne partage pas cette analyse, et nous ne sommes pas les seuls dans ce cas.

Je sais que la cote de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG) auprès de cette majorité et de ce gouvernement est médiocre, mais, tout de même, Médecins du monde indique que la solution européenne s'aligne sur les positions les plus rétrogrades de l'Italie et de la Hongrie, et parle de jour funeste pour les personnes qui cherchent une protection en Europe, énumérant : refoulement des personnes vers leur oppresseur en Libye, renforcement des garde-côtes libyens dont la violence est avérée, entraves annoncées aux opérations de sauvetage en mer des ONG, mise en place de plateformes de débarquement hors Union européenne, report de la charge des contrôles aux frontières sur les pays tiers et approfondissement de l'accord entre l'Union européenne et la Turquie. Cette alerte devrait peut-être nous inciter à aller au-delà des formules un peu générales et des satisfecit que chacun se décerne. Il s'agit d'avancer vers des solutions politiques.

Au moins, tout le monde reconnaît désormais qu'il s'agit non pas d'une « crise des migrants » mais d'une crise politique, liée aux choix politiques faits depuis des années, aux discours politiques tenus depuis des années. Si les opinions sont très rétives, notre collègue le relevait, à l'accueil des migrants, il n'y a pas lieu d'en être surpris. Malheureusement, le Gouvernement et la majorité se sont engagés sur la même voie. On explique que des vagues migratoires incommensurables vont submerger le continent, alors que ce n'est objectivement pas vrai, et on parle à longueur de journée de problème de migrations. Ces propos, venus non des populismes mais de l'extrême droite, étant légitimés par tous les gouvernements, il est normal que les opinions soient quelque peu craintives et considèrent effectivement l'immigration comme un problème. C'est une responsabilité politique, et la situation en Allemagne est un problème politique, non une « crise des migrants ».

Cette situation, très grave, consacre, à notre avis, l'échec d'une Union européenne, qui s'aligne malheureusement sur des positions très dures. Certes, il n'y a pas eu d'explosion, mais la fracture reste béante, et les annonces faites ne nous donnent guère d'espoir.

L'Italie tire argument du système de Dublin, estimant qu'il ne fonctionne pas, que la solidarité européenne ne joue pas et qu'il faut le revoir. Nous n'avons pas compris s'il serait remis en cause. Qu'en est-il ?

Par ailleurs, il y a quelques mois, l'Assemblée nationale applaudissait les dénonciations des exactions commises en Libye, notamment la réduction en esclavage des migrantes et des migrants. Aujourd'hui, tout irait mieux, mais les ONG et ceux qui agissent sur place restent très critiques. Comment considérer la Libye comme un partenaire quand on sait le traitement que ce pays inflige aux migrants et aux migrantes ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.