Nous avons des moyens de contrôle et nous devons également travailler avec des acteurs privés, notamment des ONG et des groupes locaux. On a beaucoup financé les infrastructures, et l'Afrique en a encore besoin, mais nous devons vraiment concentrer notre intervention sur les enjeux d'éducation. C'est en effet nécessaire, notamment pour lutter contre l'obscurantisme et la radicalité. Le système d'éducation demeure encore, dans de trop nombreux pays du Sud, fragile et insuffisant. Longtemps on nous a dit de ne pas nous en mêler au motif que l'intervention européenne dans les questions d'éducation relève du néocolonialisme. Mais un pays comme le Maroc, dans lequel j'ai vécu et où j'ai travaillé, est revenu, par exemple, à un enseignement des matières scientifiques en français. Les Marocains ont en effet estimé qu'ils ne pouvaient pas rester à l'écart des grandes évolutions scientifiques, et que, pour cela, leurs jeunes devaient parler le français et apprendre les matières scientifiques dans cette langue. C'est leur choix, et je crois qu'il est sage. C'est, de ce fait, un secteur sur lequel on peut plus facilement travailler avec un interlocuteur comme le Maroc. Évidemment, il faut également travailler à la délivrance de visas étudiants qui permettent une mobilité circulaire avec les pays du Sud, en sachant que cela ne résout pas tous les problèmes. On a beaucoup augmenté le nombre de visas délivrés aux Algériens et, pourtant, en ce moment, on voit, sur les bateaux de migrants, beaucoup de jeunes Algériens.