J'ai déjà présenté un amendement analogue en première lecture. Il tend à supprimer les alinéas 1 et 2 de l'article 7, qui visent à faire réaliser par la médecine de ville la visite d'information et de prévention lors de l'embauche de l'apprenti. Ce serait, selon moi, une erreur fondamentale, pour au moins deux raisons.
D'une part, la médecine du travail est en profonde difficulté. De nombreux médecins du travail ont plus de cinquante, voire plus de soixante ans ; la situation démographique de la médecine du travail est donc très compliquée. Il importe de revaloriser la filière, de redonner le goût de cette spécialité aux étudiants en médecine afin qu'ils la choisissent, sachant qu'elle a souvent été écartée, malheureusement, du parcours de formation des médecins. La mesure prévue aux alinéas 1 et 2, introduite par amendement, viderait de son intérêt la formation en médecine du travail, puisqu'un médecin de ville serait considéré comme apte à remplacer un médecin du travail à tout moment.
D'autre part, il est question non pas d'une visite médicale, mais de la visite d'information et de prévention, au cours de laquelle on s'assure que le poste de travail est en adéquation avec l'apprenti. Franchement, pensez-vous qu'un médecin de ville se rendra dans l'entreprise pour vérifier si le poste de travail est adapté à l'apprenti qui y cherche un emploi ? Je ne le pense pas. Et, quand bien même il le ferait, quel tarif appliquerait-il, sachant que cet acte n'est, de toute façon, pas codifié par la sécurité sociale ? Mystère… Enfin, qui le paierait ? Je rappelle tout de même que les entreprises versent une cotisation obligatoire pour financer la médecine du travail. Et l'on demanderait à l'entrepreneur de payer en plus le médecin de ville lorsqu'il n'a pas trouvé de médecin du travail, alors qu'il n'y est pour rien ? Je précise que le problème concernera les TPE et PME – les très petites entreprises et les petites et moyennes entreprises – , pour qui la médecine du travail est une structure à part, non les grandes entreprises, au sein desquelles un médecin du travail est souvent présent. Pensez-vous franchement que c'est juste ? Par ailleurs, est-ce constitutionnel ? L'entreprise cotisera pour un service qui ne lui sera pas rendu, et on lui demandera de payer un complément pour rétribuer un service extérieur. Selon moi, cette mesure n'est intéressante ni pour l'entreprise, ni pour l'apprenti, ni pour la médecine du travail.
Si jamais la majorité ne m'écoutait pas – j'en ai malheureusement l'habitude – , j'ai déposé un amendement de repli, le no 427, qui vise à ce que les modalités de financement soient fixées par décret. C'est bien beau de demander à la médecine de ville de remplacer la médecine du travail, mais encore faut-il que l'on sache comment on finance la visite dans ce cas.