Pour illustrer à quel point cet article, et surtout la thématique dont il traite, est au coeur de la réussite de nos jeunes, je veux partager avec vous un échange que j'ai eu avec un bachelier qui a franchi la porte de ma permanence. Comme 30 % des élèves de troisième qui s'orientent vers la voie professionnelle, Pierre – nous l'appellerons ainsi – a fait le choix de la filière gestion administration. Je devrais plutôt dire le « non-choix », car c'est faute de maturité ou d'informations suffisantes qu'il s'est engagé dans cette voie, m'a-t-il déclaré, puisqu'il lui était possible de poursuivre des études.
Ayant obtenu son baccalauréat avec une mention assez bien, il ne postule une première fois qu'à des BTS – brevets de technicien supérieur – , donc à des filières sélectives, qu'il ne réussit pas à intégrer. Ne souhaitant pas aller en université, car l'accompagnement y est moins individualisé, il préfère accepter la proposition de mention complémentaire faite par son lycée. Pensant avoir atteint le niveau, il postule à nouveau, cette année, en réitérant les mêmes voeux, sans plus de vision de son avenir. On voit bien, à travers ce cas concret, que l'information sur les métiers, sur les formations et sur leurs débouchés, et l'accompagnement dans la connaissance de soi ont fait défaut.
Grâce au présent article, mais aussi aux nombreuses autres mesures contenues dans le projet de loi, notre ambition est triple. En confiant l'information sur les métiers et les formations aux régions, afin que l'équité soit assurée dans tout le territoire, nous souhaitons, les aider dans la définition des bonnes pratiques et nous appuyer sur leur connaissance du tissu économique local.
En mettant l'accent sur l'accompagnement du jeune, nous confortons l'idée que son suivi individuel est incontournable dans la construction de son projet personnel, et donc de sa réussite.
En rendant publiques de nombreuses statistiques, nous voulons que toute la communauté éducative ait une visibilité à court et moyen termes de l'ensemble des formations, et faire ainsi évoluer les formations vers plus de transversalité et, surtout, plus d'insérabilité. Nous voulons aussi que le monde professionnel s'implique davantage dans l'élaboration des diplômes.
Il est urgent que la formation professionnelle initiale, qu'elle soit à temps plein, en alternance ou en apprentissage, retrouve ses lettres de noblesse, et qu'une orientation dans cette voie ne soit plus vécue comme un échec, mais comme une autre forme de réussite.