Selon moi, la liste que vous venez de nous lire est encore parcellaire. Les faits dont nous sommes saisis, tels que nous les comprenons à la lecture de la presse, impliquent directement trois types d'acteurs.
Tout d'abord des acteurs qui sont placés sous l'autorité du ministre de l'intérieur – vous avez évoqué certains d'entre eux –, ensuite des acteurs qui sont des agents de la présidence de la République – vous en avez mentionné deux, et deux seulement –, enfin des acteurs qui sont aussi, selon la presse, permanents, salariés, dirigeants, on ne sait trop, du parti La République en Marche.
La liste que vous venez d'évoquer est doublement parcellaire, d'une part, parce qu'elle exclut les acteurs du parti La République en Marche, d'autre part, parce que, concernant les deux autres catégories, elle est parcellaire.
Pour ce qui concerne La République en Marche, je maintiens qu'il est nécessaire d'entendre M. Vincent Crase, dont on comprend qu'il était présent sur les lieux le 1er mai, et qu'il est évidemment nécessaire d'entendre la personne dont on croit comprendre, à la lecture de la presse, qu'il est le responsable d'un service dit de sécurité au sein du parti La République en Marche, M. Pierre-Yves Baratier. Il est également indispensable de procéder à l'audition du principal dirigeant officiel de La République en Marche, le délégué général de ce parti, M. Christophe Castaner.
Pour ce qui concerne la présidence de la République, je ne pourrais comprendre que nous n'auditionnions pas celui que le directeur de cabinet du Président de la République M. Patrick Strzoda désignait, le 3 mai, dans une lettre comme un « chargé de mission, adjoint au chef de cabinet du Président de la République ». Je parle bien sûr de M. Alexandre Benalla. Il est évidemment nécessaire de l'entendre, et puisqu'il était, le 1er mai, adjoint au chef de cabinet du Président de la République, il faut évidemment entendre le chef de cabinet du Président de la République, M. François-Xavier Lauch, qui est fonctionnellement le « n+1 » de M. Benalla. Je m'étonne que vous ne l'ayez pas cité dans la liste des auditions.
Il va de soi qu'il est également nécessaire de procéder à l'audition du secrétaire général de la présidence de la République, M. Alexis Kohler, ainsi que M. Bruno Roger-Petit, porte-parole de la présidence de la République, qui a choisi, pour la première fois depuis son entrée en fonction, de s'exprimer très solennellement, lors d'un point presse à l'Élysée, sur les faits dont nous débattons. Certains des propos qu'il a tenus dans ce cadre ont d'ailleurs été immédiatement contredits par la garde des sceaux s'exprimant dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Nous devons l'entendre pour savoir très précisément ce qu'il connaît des faits.
Enfin, madame la présidente, pour ce qui concerne les agents du ministère de l'intérieur, vous avez exprimé un certain nombre d'accords sur nos propositions. Nous pensons toutefois nécessaire de compléter cette liste en y incluant M. Jean-Marie Girier, chef de cabinet du ministre d'État, ministre de l'intérieur, qui a une compétence directe s'agissant des faits dont nous parlons. Il nous paraît aussi utile d'entendre, sur un plan sans doute plus directement « opérationnel », les acteurs de terrain, c'est-à-dire le commandant etou les agents de la compagnie républicaine de sécurité qui étaient présents sur les lieux le 1er mai pour comprendre qui commandait quoi sur le terrain.
En clair, il y a entre les deux co-rapporteurs un désaccord majeur sur le périmètre et sur l'identité des personnes devant faire l'objet de cette première série d'auditions publiques.