Intervention de Thierry Benoit

Réunion du mardi 17 juillet 2018 à 16h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Je voudrais témoigner du fonctionnement de la commission mixte paritaire, dont j'étais membre suppléant. Après une heure quarante-six de discussion générale, l'examen du texte au fond n'a duré que neuf minutes ! Ne faisons donc pas porter aux sénateurs la responsabilité de cet échec : c'est une grave erreur de le dire, plus encore de l'écrire. Pour avoir assisté aux discussions, je puis affirmer que la majorité et, derrière elle, le Gouvernement, n'avait pas la volonté de faire aboutir la CMP.

Monsieur le ministre, je vous apprécie plutôt et j'ai confiance en vous. Vous venez d'une région d'élevage, où la production de lait est importante. Or, s'il est un secteur d'activité qui a besoin d'un rééquilibrage des relations commerciales et d'une contractualisation forte, c'est bien le secteur laitier.

À cet égard, j'en veux un peu à celui qui a convaincu le Président de la République de déclarer à Rungis qu'on allait inverser la construction du prix. En effet, c'est peut-être malin en termes de communication, mais cela met le Président de la République, le Gouvernement et nous-mêmes en difficulté car, plus nous progressons dans nos travaux, moins je crois à l'inversion de la construction du prix.

Comme bon nombre de députés, je rencontre des industriels et des représentants de la grande distribution, qui nous rappellent les réalités du marché : un industriel de Mayenne n'achètera pas du lait normand ou breton à 400 euros la tonne si le lait néo-zélandais est à 200 euros, quand bien même le Président de la République aurait annoncé l'inversion de la construction des prix à partir des indicateurs de coûts de production.

Ces indicateurs de coûts de production, je souhaite qu'à l'issue de cette nouvelle lecture, ils puissent être déterminés de manière incontestable. À vous, Monsieur le ministre, de mettre les moyens sur la table.

Votre projet de loi procède du constat que les agriculteurs français, en tout cas les éleveurs ne parviennent pas à vivre dignement des fruits de leur travail et qu'il convient donc de rééquilibrer les relations commerciales. Mais vous n'allez pas assez loin, notamment en ce qui concerne la grande distribution et les centrales d'achat qui, après s'être regroupées au niveau national, s'organisent à présent à l'échelle européenne.

Pour ce qui concerne le titre II, les députés comme les sénateurs ont bien compris que les agriculteurs français, qui sont des gens honnêtes, sérieux et professionnels, sont conscients de la nécessité d'opérer la mutation de l'agriculture française et de renoncer aux néonicotinoïdes comme au glyphosate. En dépit de toutes les polémiques, le Gouvernement a d'ailleurs adopté la bonne démarche pour permettre que l'ensemble des parties prenantes trouvent des solutions permettant l'arrêt progressif du glyphosate.

Enfin, en matière de bien-être animal, je fais là aussi confiance aux filières pour opérer la mutation des techniques d'élevage.

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