Intervention de Hervé Gomichon

Réunion du jeudi 12 juillet 2018 à 10h15
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Hervé Gomichon, directeur de la qualité et du développement durable du groupe Carrefour :

Nous avons effectivement changé de paradigme. Et la majorité des critiques sont aujourd'hui justifiées par les pratiques du passé.

L'indépendance alimentaire décidée après la guerre et la recherche agricole française, agronomique, quand elle s'est orientée vers le rendement, la production, les intrants, les pesticides, ont créé le paradigme aujourd'hui tant décrié. Nous savons maintenant qu'il n'est pas durable et probablement pas sain.

Par ailleurs, nous avons tous adhéré – puis subi – au hard discount ; la tendance a longtemps été d'acheter les produits les moins chers possibles. Nous ne sommes plus dans ce paradigme, même les hard discounters effectuent un gros travail sur la qualité.

Aujourd'hui, nous nous battons tous pour une agro-écologie. Les produits sans antibiotiques connaissent une croissance des ventes phénoménale. Nous avons lancé, il y a quatre ans, le poulet sans antibiotiques et maintenant nous trouvons du porc, du poisson, du veau, du lait et des oeufs sans antibiotiques dans de nombreuses enseignes. Les animaux et la nature sont respectés, tout comme les producteurs. Cela nécessite un travail de suivi pour lequel nous payons, mais qui est justifié. Tout ce travail, qui est réalisé par tous les distributeurs, crée un nouveau paradigme.

Par ailleurs, nous voulons tous travailler avec des producteurs locaux. La concurrence est bénéfique au producteur. Enfin, grâce à la blockchain, qui est en train de se diffuser très largement, il est possible de communiquer directement entre le producteur et le client ; elle permet d'identifier qui produit quoi pour qui et qui consomme quoi. Une relation de confiance a été rétablie entre le producteur et le consommateur.

Au sein de nos programmes « filières qualité Carrefour », nous comptons 18 000 producteurs, dont la plupart sont engagés depuis l'origine. Aucun d'entre eux ne souhaite nous quitter. Les accords passés le sont dans la durée, ils sont transparents et justifient que l'on paie un surcoût pour les actions qualité que nous demandons : la diminution de la densité d'élevage, l'absence de traitements, une surveillance accrue…

Nous avons été à l'origine du lancement de la marque « C'est qui le patron ». Une marque que nous avons soutenue et dont le succès montre que nous sommes bien dans un nouvel environnement. Le consommateur accepte de payer la qualité.

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