Comment fabrique-t-on un produit de marque de distributeur ? Il y a dix ans, nous avons lancé, grâce à une start-up, un système de numérisation du cahier des charges – « Trace one » –, pour être sûr que nos demandes soient comprises et validées par nos fournisseurs. Ils doivent signer ce cahier des charges, et chaque modification est enregistrée et signée. On peut ainsi s'y référer lors de la réalisation des contrôles. « Trace One » est un outil transversal utilisé par de nombreux distributeurs.
Le cahier des charges, qui peut contenir la demande suivante, « absence de résidus, absence de glutamate ou de dioxyde de silicium », est signé par le fournisseur et Carrefour, et annexé au contrat commercial.
Ensuite, le fournisseur. Il y a également dix ans, nous avons décidé, au sein de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), de partager les audits de nos fournisseurs. Nous avons créé la norme International Food Standard (IFS), codétenue par la FCD et d'autres pays comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne. Il s'agit d'une certification tierce-partie, totalement indépendante de la distribution – c'est le fournisseur qui demande cette certification. Le laboratoire externe, indépendant, garantit que le process est respecté, en photographie, le jour de l'audit, et en film – tous les enregistrements réalisés dans l'usine sont également audités. Un produit est pris au hasard – une bouteille fabriquée quatre mois auparavant – et l'auditeur contrôle toutes les informations de sa fabrication.
Ces contrôles, que nous n'estimons pas suffisants, sont aussi challengés par toutes les normes internationales. Plusieurs distributeurs français, dont Carrefour, participent à la Global Food Safety Initiative (GFSI), une initiative mondiale rassemblant des industriels et des distributeurs du monde entier, et qui, en permanence, élabore des standards de sécurité des produits, au niveau le plus sûr – le niveau de base pour tous les audits. De sorte que l'IFS, périodiquement, vérifie si ses normes y sont conformes, ce qui apporte une véritable garantie que sont appliquées les meilleures pratiques mondiales.
Le contrôle est réalisé à deux niveaux. D'abord des contrôles effectués tous les ans chez l'industriel – par nos visites et cet audit, mais également par des indépendants. Ensuite, les contrôles sur les produits, acheté en magasin, et contrôlés par des laboratoires externes indépendants qui ont accès au cahier des charges. À qui nous demandons d'être sérieux et sévères.
S'agissant des fruits et légumes, le système de contrôle employé est différent, chaque lot étant distinct. Ils sont réalisés dans les entrepôts où arrivent les fruits et les légumes ; des contrôles visuels, sanitaires et des analyses. Tout cela est consigné dans des bases de données afin de pouvoir détecter les éventuels producteurs, transformateurs, industriels qui dérivent et les alerter.
Concernant les applications, oui, certains de nos clients utilisent Yuka. En revanche, non, il n'y a pas de blocage du wifi dans nos magasins, mais la coque d'un magasin est une cage de Faraday. Nous sommes donc en train d'installer le wifi gratuit dans nos magasins. Non seulement la transparence sur nos produits est indispensable, mais un jour les clients ne se rendront que dans les magasins équipés de wifi.
Pour ce qui est de la blockchain, effectivement, huit filières seront traitées cette année – les huit typologies de grandes filières : le fromage, le lait, la viande, les fruits et légumes, le poisson, les oeufs, le steak haché et la volaille.
Nous établissons cette année les règles de traitement de ces filières en blockchain, notre ambition étant de traiter la totalité des « filières qualité Carrefour » du groupe d'ici à 2020, soit 600 blockchain. Ainsi, la transparence sera totale. Le plus complexe n'est pas tant la technique blockchain elle-même que la traçabilité physique. Nous sommes donc en train de mettre à jour, de vérifier et de sécuriser la traçabilité physique.
Enfin, concernant la communication, nous avons un programme ludo-éducatif appelé « Fraich'Kids Carrefour », diffusé dans cinquante écoles.