Enfin, dès la promulgation de cette loi, le harcèlement dit « de rue » pourra être verbalisé. L'actualité vient de montrer à celles ou ceux qui pourraient encore en douter l'urgente nécessité d'agir puisque, la semaine dernière, une jeune femme a eu à subir ces agissements relevant du harcèlement de rue, qui se sont même prolongés jusqu'à des injures, puis une agression physique. Ce phénomène nous montre le continuum des violences sexistes et sexuelles, qui peuvent commencer par des bruits, des mots dégradants, puis par des cris, puis se poursuivre par des insultes et enfin, dans ce cas, un jet de cendrier et un coup extrêmement violent porté au visage de cette jeune femme, dont le seul tort était de marcher dans la rue et de refuser d'être insultée, alors qu'elle était en train de marcher dans la rue.
La question de la lutte contre le harcèlement de rue n'est donc ni plus ni moins qu'un enjeu de civilisation. Il y va du respect des valeurs fondamentales de la République française, du respect de la liberté des femmes d'aller et venir comme bon leur semble dans l'espace public, du respect de l'égalité entre les femmes et les hommes dans l'occupation de l'espace public. L'indignation légitime suscitée par ces actes a montré que notre société ne tolère plus ces violences. Je crois que les images de ces violences ont permis à chacune et à chacun de prendre conscience de la réalité du harcèlement de rue, que les femmes subissent depuis des générations.
Trop souvent, parfois même dans des débats politiques, on a pu considérer que le harcèlement de rue était un sujet dérisoire ou accessoire. On a pu considérer qu'il n'était pas primordial, pas important, voire qu'il relevait d'une forme de fatalité – « ça a toujours été comme cela, donc ça restera comme cela ». Aujourd'hui, nous refusons cette fatalité et nous posons, avec cette loi, un interdit social clair face au harcèlement quotidien que vivent encore trop de ces femmes, et qui entrave leur liberté de mener leur vie comme bon leur semble.