Madame la présidente, madame la secrétaire d'État, madame la présidente de la commission des lois, madame la rapporteure, mes chers collègues, les femmes, en France, en 2018, restent une population fragile. Quelle nation peut se dire civilisée lorsque la moitié de sa population demeure dans la peur d'être, cette année, l'une des 84 000 victimes de viol, l'une des 225 000 femmes victimes de violences physiques de la part de leur conjoint, l'une des 123 qui en sont mortes, l'une des 53 000 ayant subi des mutilations sexuelles, parfois très jeunes – trop jeunes, puisque l'excision est infligée la plupart du temps avant l'âge de dix ans ? Non, nous ne pouvons affirmer être une société moderne lorsque 100 % des utilisatrices des transports en commun ont subi, au moins une fois, des violences sexistes et sexuelles, et qu'une adolescente sur cinq a déjà reçu des insultes sur son physique.
C'est pour cela que nos espoirs étaient grands lorsqu'on nous a annoncé que l'égalité entre les femmes et les hommes était déclarée grande cause du quinquennat et qu'un projet de loi allait proposer de répondre enfin à toutes ces violences que nous ne pouvons plus accepter, que nous ne pouvons plus supporter.
Mais nos espoirs étaient peut-être trop grands. C'est le constat résigné que nous sommes contraints de faire. En effet, quelle ne fut pas notre déception, après les annonces rutilantes d'une majorité conquérante, de découvrir un projet de loi court de quatre petits articles, se contentant de réagir à deux jurisprudences, à créer une infraction que l'on ne pourra pas sanctionner et à adapter la répression du harcèlement à l'heure numérique ! Notre déception fut d'autant plus grande que nous connaissons l'inspiration littéraire de Mme la secrétaire d'État, qui a publié pas moins de trois ouvrages en six mois.