Que ferez-vous demain, après la signature de la dizaine d'accords de libre-échange en cours, puisque le Président de la République souhaite que « toutes nos normes environnementales, sanitaires, sécuritaires » qui « concernent toutes les filières » soient « défendues et respectées par l'ensemble des produits importés » ? Que ferez-vous demain, monsieur le ministre ?
Comment vous y prendrez-vous pour interdire l'entrée sur notre marché de productions végétales et animales ayant inclus dans leur cycle de production ou via l'alimentation animale l'utilisation de néonicotinoïdes ou de produits aux « modes d'action identiques à ceux de la famille des néonicotinoïdes », mentionnés à l'article 14 septies du texte ?
Comment comptez-vous interdire toute production ayant été produite sur des parcelles traitées au glyphosate ?
Au commencement était le Verbe. Au commencement était le Rêve.
Quand on connaît l'ampleur des dumpings sociaux et environnementaux qui accompagnent la poursuite effrénée de l'ouverture du marché agricole européen, on se plaît nous aussi à rêver, à rêver à la pleine mise en application de la parole élyséenne.
C'est pourquoi nous vous proposerons, en toute cohérence avec les engagements du Président de la République, d'interdire par amendement à l'article 11 undecies tout accord de libre-échange contrevenant au respect des principes de réciprocité et d'égalité quant aux conditions de production. Mais ma hantise, monsieur le ministre, c'est de vous voir refuser de lever l'hypocrisie politique du pouvoir dans ce domaine.
Car les importations constituent aujourd'hui un des leviers majeurs, pour ne pas dire essentiel, des groupes transnationaux de l'industrie agroalimentaire et de la distribution pour assurer leurs stratégies de marges et de rentabilité financière. Voilà pourquoi l'essentiel du travail de communication politique des derniers mois a consisté à entretenir l'illusion d'un volontarisme au service des producteurs – un volontarisme qui s'opérerait sur la base d'une simple évolution du droit commercial interne, mais en occultant bien évidemment le fond du contenu des politiques économiques soutenues au niveau communautaire et international. Un grand écart qui se résume fort bien dans cette question – je pense, monsieur le ministre, que vous y répondrez – : peut-on promettre des prix rémunérateurs aux paysans et dans le même temps augmenter les importations ?