C'est dire que si nous ne mettons pas nous-mêmes ces sujets en avant, si nous ne parlons pas de ces questions devant nos interlocuteurs, rien ne se passera.
J'attends que nous défendions la politique agricole commune et que nous cessions d'attaquer ceux qui, en Europe, peuvent être nos alliés – en particulier les pays d'Europe orientale, qui sont concernés par les mêmes questions que nous. Comment voulez-vous en même temps taper sur la Hongrie et la Pologne et devenir leur allié dans le débat sur la politique agricole commune ?
Illusions, donc, qui sont très largement entretenues par vous-même et par votre gouvernement. Illusions, parce qu'au moment où nous débattons de ce texte, des mesures extrêmement défavorables pour notre agriculture sont en train d'être prises.
Il s'agit par exemple, d'autres l'ont dit avant moi, de la suppression du dispositif d'exonération pour l'emploi des travailleurs occasionnels et demandeurs d'emploi agricoles – TODE – , qui inquiète les producteurs de fruits et de légumes.
Je voudrais ici me faire le porte-parole des serristes bretons, qui ont abordé ce sujet avec vous mardi dernier. Comme l'ensemble des producteurs de fruits et de légumes, ils font appel à une main d'oeuvre saisonnière importante.
J'espère, monsieur le ministre, que nous recevrons une bien meilleure réponse que celle que vous nous avez faite hier. Je veux bien admettre que les questions au Gouvernement ne soient pas le moment idéal pour fournir des éléments de réponse, mais il est aujourd'hui à craindre que plusieurs centaines de millions d'euros ne soient pris à ce secteur agricole, alors que ces exploitations sont en concurrence avec celles des pays européens voisins.
Monsieur le ministre, arrêtons avec les illusions ! Disons la vérité à nos agriculteurs.
Sachons leur dire qu'il faut que l'Europe se défende, que la préférence européenne doit redevenir d'actualité, que nous nous engagerons demain dans une véritable baisse des charges – réglementaires, fiscales, sociales – qui leur permettra d'être plus opérationnels. C'est ce que nous voulons, et c'est la seule solution.
De plus, ces trois baisses ne dépendent que de nous. Ce n'est pas l'Europe, mais la France qui peut baisser la charge réglementaire, fiscale ou sociale.
Nous aurons alors le moyen de faire cesser les illusions, de revenir à la réalité, de dire à nos agriculteurs que le monde est certes dur, mais qu'ils ont les pouvoirs publics à leurs côtés, comme cela a été le cas durant de nombreuses années.
Il est pourtant à craindre que les agriculteurs ne se disent le contraire : qu'au nom de principes sociétaux, on abandonne un pan entier non seulement de notre économie, mais aussi de notre réalité historique et sociale, notamment en Bretagne, à savoir la paysannerie française !