Ici, il n'y a bien sûr que des gens cohérents et habités par le souci du bien public et de l'intérêt général. Monsieur Benoit, vous êtes intervenu tout à l'heure sur nos lignes stratégiques: le chantier no 1 vise à permettre aux agriculteurs de vivre décemment de leur travail et à accompagner notre agriculture dans la transition agroécologique que nous appelons de nos voeux, afin qu'elle soit moins dépendante des pesticides et des produits phytosanitaires. Cela rejoint le deuxième pilier de notre politique, celui d'une alimentation plus sûre, plus saine et plus durable. Ces deux jambes nous permettent de ne pas opposer l'agriculture à l'environnement et à l'écologie. La ligne stratégique est claire: nous voulons une agriculture performante dans les domaines économique, social, environnemental et sanitaire, ce que j'appelle la quadruple performance. La transition agroécologique ne doit pas oublier le volet économique, la viabilité des exploitations et la capacité des agriculteurs à vivre de leur travail et à faire évoluer leurs pratiques.
Il en va des agriculteurs, nous en avons parlé ce matin, comme des entreprises industrielles, qui doivent aussi entrer dans cette transition, changer leurs modes opératoires et se transformer. Pour cela, elles ont besoin de temps et d'adaptations.
Il en va de même pour les collectivités territoriales, ce qui m'amène aux amendements que nous examinons. Nous avons eu, en première lecture et au Sénat, ce débat sur la disparition des couverts en plastique et d'éléments de réchauffage en plastique dans la restauration scolaire. Bien évidemment, quelle que soit la date que l'on peut fixer pour ce changement, je ne connais pas un parlementaire et, en tout cas, pas un membre du Gouvernement qui ne se soucie de la santé de nos enfants et de celle de ceux qui, tous les jours, travaillent dur dans la restauration scolaire pour fournir les meilleurs repas à ceux qui nous sont les plus chers, à savoir nos enfants.
Nous avons besoin d'accompagner ces transitions. La suppression du plastique dans la restauration scolaire et son remplacement par des contenants en verre ou en métal pour le réchauffage impliquent des transformations et des investissements dans les cuisines. Ces investissements doivent être préparés, ce qui nécessite des appels d'offres. Vous savez comme moi, puisque certains d'entre vous sont aussi élus dans des collectivités, que le délai peut être long entre l'élaboration de l'appel d'offres et le plaisir de l'inauguration d'un projet. Ce temps peut être trop long, je le concède, mais il faut le prendre en compte.
Nous avons besoin de ce temps pour transformer les pratiques. Chaque amendement propose une date pour la disparition du plastique dans la restauration scolaire, en fonction du degré d'urgence, tenable ou non. Selon moi, certaines dates ne sont pas tenables pour beaucoup de collectivités territoriales, malgré notre souci de faire en sorte que nos enfants soient les mieux traités et d'éliminer tous les risques potentiels.
Le Gouvernement souhaite au préalable, et comme nous l'avons dit lors de la première lecture, soumettre cette mesure à une expérimentation, afin que les cantines puissent, comme certaines l'ont déjà fait, la mettre en oeuvre dans les meilleures conditions, en prenant en compte l'ensemble des enjeux.
Il faut tenir compte de la mobilisation de la société, et vous avez parlé de l'action d'associations de parents d'élèves. La première fois que nous avons parlé de ce sujet, M. Loïc Prud'homme voulait interdire le plastique dans la restauration scolaire dès le 1er janvier 2019. Je lui avais répondu que nous pouvions partager l'objectif, mais que les moyens d'y parvenir ne nous convenaient pas, car le délai nous paraissait un peu court. Retenir la date de 2025 pour interdire les contenants en plastique pour la cuisson, la réchauffe et le service dans les collectivités territoriales de moins de 2 000 habitants est, en revanche, une position qui mérite d'être portée. Je m'en remets donc à la sagesse du Parlement pour l'amendement no 923 de Mme Rossi, et émets un avis défavorable à l'adoption des amendements nos 193 , 876 , 194 et 910 . L'amendement porté par la majorité pose un diagnostic, auquel nous adhérons tous, et fixe un délai nécessaire et raisonnable pour réussir la transformation et assurer la sécurité alimentaire de nos enfants dans la restauration scolaire.