Dans l'expertise collective Pesticides : effets sur la santé, publiée par l'INSERM – Institut national de la santé et de la recherche médicale – en juin 2013, les experts scientifiques identifiaient un lien entre l'utilisation de certains pesticides, dont les produits phytopharmaceutiques, et la survenue de plusieurs pathologies graves.
L'INSERM évoque une association positive entre l'exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l'adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques – lymphomes non hodgkinien, myélomes multiples.
Les études scientifiques alertant sur la hausse de maladies chroniques et l'imprégnation générale de la population et de l'environnement n'ont, depuis, cessé de s'accumuler.
Si l'action des pouvoirs publics, notamment au travers du plan Écophyto et du projet agro-écologique pour la France, est d'abord et prioritairement orientée vers la réduction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques et l'encadrement de leur utilisation, elle ne doit pas ignorer l'obligation de réparation des préjudices des victimes de ces produits. La liste des tableaux de maladies professionnelles a ainsi été complétée en 2015 par le tableau no 59 du régime agricole permettant la réparation des hémopathies en lien avec l'exposition professionnelle aux pesticides.
Le présent amendement vise à compléter le dispositif de réparation en permettant la prise en charge de la réparation intégrale des préjudices des personnes qui ont obtenu la reconnaissance d'une maladie professionnelle occasionnée par les produits phytopharmaceutiques. Ce fonds serait essentiellement financé par l'affectation d'une fraction du produit de la taxe sur les produits phytopharmaceutiques.
Une proposition de loi visant la création d'un tel fonds d'indemnisation a été adoptée à l'unanimité au Sénat en février 2018, mais elle n'est pas encore inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. La création de ce fonds constituait aussi la troisième proposition du rapport de la mission d'information commune sur les solutions alternatives aux produits phytopharmaceutiques, rendu début avril 2018. Il ne paraît donc pas pertinent de reporter encore la création du fonds par la commande d'un nouveau rapport. En conséquence, l'amendement propose de rétablir la création du fonds d'indemnisation telle qu'adoptée par le Sénat en première lecture de ce projet de loi.