Cela a l'air simple : quand tout va bien, on ne licencie pas, on recrute et on verse des dividendes, puis, quand tout va mal, on ne verse plus de dividendes et on licencie… La réalité des entreprises est malheureusement plus complexe. Dans certains secteurs, comme celui des infrastructures par exemple, le versement des dividendes fait partie des raisons qui poussent certains investisseurs à soutenir ces entreprises dans la durée – y compris sur le très long terme. J'en ai connu certains.
Si la loi, dans une logique d'uniformisation, décidait un tel encadrement, sans doute régleriez-vous un certain nombre de comportements non vertueux que vous dénoncez à juste titre. Mais vous créeriez surtout de réels problèmes dans de vraies entreprises qui fonctionnent bien et font de leur mieux pour aligner tous les intérêts !
Je vous rappelle que le chapitre III du projet de loi comporte de nombreuses dispositions visant à allonger l'horizon des investisseurs, des chefs d'entreprise et des actionnaires. Vous avez raison, les différents acteurs doivent converger en direction d'intérêts communs, ce qui n'est pas encore suffisamment le cas. La France peut passer dans le wagon de tête : je ne souhaite pas qu'on la fasse passer dans le wagon de queue en pensant que nous pouvons tout régler ici, entre nous, au motif que nous savons bien mieux que les chefs d'entreprise, les salariés et même les investisseurs ce qui se passe dans les entreprises. Votre nouvelle règle aura peut-être quelques vertus, mais créera surtout beaucoup de problèmes.