Il est nécessaire d'agir sur les causes qui amènent à des situations de terrorisme, et pas seulement sur les effets. Or, parmi ces causes, il y a l'histoire des quartiers où se trouvent les personnes qui se radicalisent, ainsi que notre histoire, l'histoire de la France, et l'histoire des relations entre ces personnes et les forces de l'ordre, en particulier la multiplication des contrôles : on n'est pas contrôlé autant de fois suivant que l'on est Français ou que l'on est une jeune fille ou un jeune homme issu de l'immigration. Cette multiplication des contrôles crée une relation à l'autorité très particulière et plutôt violente.
La situation risque de s'aggraver avec le concept de « visites ». Imaginez-vous, chers collègues, subir une visite administrative ; imaginez vos enfants, qui vont voir la police entrer chez vous, saisir vos ordinateurs et éventuellement vous emmener, sans forcément vous expliquer les choses, en disant : « Si nous sommes là, c'est qu'il y a des raisons ; vous aurez les explications plus tard. » Il s'agirait de « lever le doute » ; mais n'avez-vous pas l'impression que cela va plutôt le semer, le doute, dans la famille, et aussi dans le voisinage : si la police est venue, c'est peut-être qu'il y a un problème ? Vous connaissez tous le proverbe : « Il n'y a pas de fumée sans feu » !