Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les 10 % les plus riches de la population mondiale détiennent désormais 89 % des actifs, et 1 % en détient la moitié. Ce niveau d'inégalité, qui n'avait jamais été atteint jusque-là dans l'histoire de l'humanité, est lié à l'incroyable captation de richesse que permet le capitalisme financiarisé. Depuis plusieurs décennies, les salaires augmentent nettement moins que les dividendes. Je l'ai dit tout à l'heure : ces derniers ont augmenté de 200 % dans notre pays en vingt ans alors que le salaire moyen n'a progressé que de 14 %.
Les initiatives visant à assurer une meilleure répartition de la richesse produite par le secteur privé sont restées timides. La RSE, par exemple, est non contraignante, mais hautement publicitaire, tandis que l'épargne salariale et l'intéressement se substituent de plus en plus aux salaires. En parallèle des nombreuses propositions concrètes que nous présentons, cet amendement vise à consacrer l'impératif de répartition équitable de la valeur ajoutée entre les parties prenantes de la société, en allant au-delà des actionnaires et des dirigeants. Ce faisant, nous poserons la première pierre d'une modification en profondeur du rôle de l'entreprise : celle-ci ne doit plus être un outil permettant de satisfaire l'appétit insatiable d'une infime minorité, mais un collectif humain dans lequel chaque individu est rétribué justement, à la hauteur de sa contribution à la production.