Intervention de Bruno le Maire

Réunion du vendredi 14 septembre 2018 à 15h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Avant de redistribuer de la richesse, il faut la créer. L'un des problèmes majeurs de la France est que, depuis des années, elle crée moins de richesse que ses partenaires. Il y a vingt ans, je le redis, notre richesse par habitant était équivalente à celle de l'Allemagne ; aujourd'hui, nous en sommes à quinze points d'écart… À force de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui créent de la richesse, c'est-à-dire les entrepreneurs, nous avons des Français qui vivent moins bien. Je crois que nous nous battons tous pour la même chose, pour qu'ils vivent mieux, mais ce n'est ni vous, ni moi qui allons créer les richesses qui le permettront. Que veulent les Français ? Ils veulent un salaire net plus élevé à la fin du mois, des emplois pour leurs enfants et leurs petits-enfants, et des entreprises qui tournent bien. C'est exactement ce que nous voulons faire. Quand je vois que nous avons créé davantage d'emplois l'année dernière et que le taux de chômage commence à baisser, je suis satisfait.

Vous voulez défendre une politique contre la pauvreté : je partage votre ambition, mais je regarde aussi les statistiques de l'INSEE. Elles disent de manière très claire que si plus de 10 % des Français sont en situation de pauvreté, c'est le cas pour plus de 30 % des chômeurs. Ceux qui éprouvent le plus de difficultés matérielles, ceux qui ont le plus de mal à joindre les deux bouts à la fin du mois, ce sont ceux qui n'ont pas de travail. Je conteste donc formellement votre analyse : vous voulez partager, partager et partager encore ; moi, je dis qu'il faut créer d'abord, et ensuite on partage. Et quand vous affirmez que l'on ne prend pas en considération les enjeux environnementaux, je ne suis pas d'accord avec vous. Le débat que nous avons depuis une heure et demie montre à quel point il est difficile de progresser. C'est plus difficile de le faire concrètement, pas à pas, comme nous le faisons, avec des résultats concrets pour les Français : ils verront à la fin de ce mois que leur salaire net augmente et l'année prochaine, s'ils font des heures supplémentaires, que leur rémunération est plus élevée, et que tous ceux qui travaillent dans des petites structures, des TPE, chez des artisans ou des commerçants, auront enfin accès à de l'intéressement lorsqu'ils réussissent et que leur entreprise tourne bien. Ce sont des progrès tangibles et concrets pour nos concitoyens. Que cela n'aille pas assez vite, qu'il soit nécessaire d'aller toujours plus loin, très bien, mais je crois davantage aux petits pas qu'au grand soir.

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