Intervention de Jean-Carles Grelier

Réunion du mercredi 3 octobre 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Carles Grelier, rapporteur :

Monsieur Perrut, vous avez eu raison d'évoquer Octobre rose, qui illustre bien la façon dont s'organise la prévention dans notre pays, puisque c'est à l'initiative de la Ligue contre le cancer que l'on doit cette campagne. Cependant, on ne pourra pas avoir une politique de prévention efficace en se reposant intégralement pour cela sur les bénévoles des associations : même si ceux-ci accomplissent un travail formidable, qu'il convient de saluer, la prévention a besoin d'une vraie gouvernance, d'une vraie stratégie et d'une vraie évaluation.

Puisque vous aimez manier la dialectique, madame Wonner, je vous invite à prendre connaissance des récents communiqués de presse des fédérations hospitalières, des syndicats de médecins et d'infirmiers, afin d'entendre les inquiétudes exprimées par les professionnels de la santé quant aux mesures contenues dans le plan Santé, notamment quant à la création des assistants médicaux : peut-être prendrez-vous conscience du fait que les choses ne sont pas aussi évidentes que vous semblez le croire.

Pour ce qui est de la prévention, nous n'allons pas reprendre tout le débat sur le calendrier, sur mon livre blanc sorti en janvier dernier et sur les propositions faites en mars dans le cadre du Comité interministériel de la santé – vous voyez, j'ai toujours au moins un mois d'avance –, mais force est de constater qu'à l'heure actuelle, le Gouvernement ne semble rien proposer en matière de gouvernance de la prévention. Pour ma part, je propose de créer, à l'intérieur du DMP, un parcours de prévention permettant au médecin de PMI de transmettre ces informations au médecin scolaire, qui les transmettra à son tour au médecin traitant, qui pourra disposer d'une source d'information lui permettant d'engager un dialogue avec le médecin du travail… Ainsi, tout ce qui est fait en matière d'éducation à la santé ou, en cas de pathologie chronique, d'éducation thérapeutique, pourra être suivi, tracé et évalué.

Mme Levy m'a fait part de son soutien, en évoquant la souplesse qui doit nécessairement caractériser le système de santé. Je suis moi aussi persuadé qu'une partie de la solution viendra des professionnels de santé eux-mêmes, et qu'il est vain de chercher à leur imposer des contraintes d'une manière ou d'une autre, comme le démontrait déjà le rapport de notre collègue Philippe Vigier sur l'accès aux soins, déposé en juillet dernier. Les étudiants en médecine comme les praticiens, jeunes ou moins jeunes, ont besoin de se sentir aidés, accompagnés, soutenus, plutôt que contraints et montrés du doigt comme les responsables des dysfonctionnements de notre système de santé.

Monsieur Véran, vous avez fait allusion aux nombreuses occasions que nous avons eues de nous rencontrer pour évoquer les questions de santé, qui ont effectivement toujours constitué des moments agréables et constructifs. Pour ce qui est du « nouveau monde », je suis un peu plus réservé que vous, et les récents événements de l'actualité politique m'incitent à penser que nous ne sommes jamais au bout de nos surprises ! Vous avez évoqué une organisation décentralisée – girondine, pour reprendre votre expression – du financement de la santé. Or, quand je propose un financement géré par le patient depuis sa carte Vitale, il me semble qu'on peut difficilement faire plus libéral, plus proche des patients et du terrain.

Enfin, nous sommes d'accord au sujet des maisons de santé pluridisciplinaires, qui ont parfois été l'occasion, pour les élus de certains territoires, de s'acheter une bonne conscience en matière de santé à coup de parpaings et de béton, mais sans régler pour autant les vraies problématiques relatives à la santé. Pour ma part, je me méfie toujours un peu de ces MSP : certes, elles ont pu montrer une grande efficacité, mais leur création en certains points du territoire peut également avoir pour effet d'assécher l'offre médicale aux alentours en concentrant tous les professionnels de santé en un seul lieu.

Outre votre amical soutien à cette proposition de loi, madame Corneloup, vous avez évoqué un nouveau modèle. Pour ma part, comme le Président de la République, je crois que nous devons plutôt nous efforcer de porter un nouveau regard sur la santé, ses professionnels, son organisation, ainsi que sur l'attente des patients. Ceux qui se présentent aujourd'hui au cabinet d'un médecin n'ont plus le même comportement qu'il y a vingt ans : venant consulter après avoir fait de longues recherches sur internet, ils ont souvent tendance à arriver avec leur propre diagnostic, parfois même en exigeant tel ou tel traitement, ce qui a pour effet de modifier en profondeur le dialogue singulier entre le médecin et son patient. Je crois que, pour mieux comprendre ces nouveaux phénomènes, nous devons élargir notre regard sur la santé.

Enfin, M. Lurton, dont le soutien ne m'étonne pas, a évoqué le parcours de prévention. Dans ce domaine, comme je l'ai dit précédemment, je pense que l'inscription d'un parcours de prévention à l'intérieur du dossier médical partagé serait très utile pour conserver une trace de ce parcours, de la néonatalité jusqu'à la fin de vie.

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