Pour que la lutte contre la manipulation de l'information dans la société soit vraiment entière, il faut absolument qu'elle coopère dans toutes ses dimensions. Nous savons aussi que ce combat se joue dès le plus jeune âge ; c'est un combat d'éducation majeure. L'intelligence artificielle, les algorithmes, ces machines apprenantes qui analysent nos comportements, ouvrent de formidables opportunités quant à la recommandation et à la personnalisation mais dessinent aussi un possible enfermement dans un monde propriétaire où nos propres comportements seraient reproduits à l'infini, sans possibilité d'évolution, donc sans possibilité d'émancipation.
Le développement technologique toujours plus inventif, notamment celui des fameux deep fakes, rendra le faux de plus en plus difficile à séparer du vrai. C'est donc bien notre propre logiciel, nos propres aptitudes qu'il faudra éduquer si l'on veut développer notre capacité de discernement, de décryptage et notre esprit critique. Ce sont des compétences et des aptitudes qu'il convient d'acquérir le plus tôt possible : cet apprentissage doit être fait dès le plus jeune âge. Cette conviction portée par la commission des affaires culturelles et de l'éducation est à l'origine de cet article.
Vous avez par ailleurs souhaité, madame la ministre, que les entreprises de l'audiovisuel public participent à cet effort et développent des propositions concrètes dans ce domaine ; Arte, France Médias Monde et Radio France étaient d'ailleurs déjà très engagés dans les actions d'éducation aux médias. Vous avez évoqué la création d'une plateforme commune aux différents médias du service public, intitulée « Vrai ou fake », hébergée sur le site de France Info.
Si cette plateforme est bien sûr très utile, elle ne peut être la réponse au problème, car celui qui la consulte est, la plupart du temps, quelqu'un de vigilant, qui cherche à s'informer. Or ce sont tous ceux et celles qui ne sont pas sensibilisés au sujet qu'il s'agit d'atteindre, et cela ne peut passer que par une coopération accrue entre les plateformes et par une véritable coordination au niveau européen.
Vous l'avez compris, madame la ministre, nous sommes bien sûr favorables à cet article. L'éducation aux médias est une priorité absolue qu'il convient d'intégrer pleinement dans l'enseignement, comme vous le proposez.