« On n'est jamais heureux que dans le bonheur qu'on donne. Donner, c'est recevoir. » À l'heure d'évoquer le don du sang, cette formule de l'Abbé Pierre prend une résonance particulière.
Parce qu'il est indispensable à la survie de milliers de patients, le sang est une ressource trop précieuse pour être regardé comme une simple marchandise.
En France, 1 million de malades sont soignés chaque année grâce au don du sang. Tous les jours 10 000 dons sont nécessaires afin de répondre aux situations d'urgence telles que des hémorragies lors d'un accouchement, d'un accident, d'une opération chirurgicale, comme aux besoins chroniques des patients souffrant de maladies du sang ou de cancers. Ces chiffres sont d'autant plus alarmants que les besoins en produits sanguins ne cessent d'augmenter alors que ces derniers ont une durée de vie limitée. Ainsi une poche de globules rouges ne se conserve que quarante-deux jours et l'espérance de vie d'un don de plaquettes n'excède pas cinq jours.
Au regard de ces chiffres qui mettent en relief le risque de pénurie nationale en produits sanguins, on comprend mieux pourquoi le don du sang a été déclaré grande cause nationale en 2009. Afin de faire face à la demande, de nombreuses collectes fixes et mobiles sont organisées par l'Établissement français du sang sur l'ensemble du territoire. L'EFS se rend ainsi régulièrement dans des lieux publics et privés, notamment au sein des structures scolaires, afin d'aller au contact des populations donneuses. Au total, 81 % des dons sont ainsi réalisés à l'occasion de collectes mobiles. La moitié des donneurs a moins de 40 ans et un tiers d'entre eux est âgé de 18 à 19 ans.
Alors que les dons actuels ne suffisent pas à répondre aux besoins des patients, il est fondamental qu'en notre qualité de législateur, nous nous mobilisions pour combler les besoins. Je profite de cette tribune pour souligner mon engagement en faveur de la lutte contre la pénurie de produits sanguins.
En février dernier j'ai déposé une proposition de loi visant à abaisser l'âge légal du don du sang à 16 ans. En effet, à l'heure où les évolutions techniques et technologiques permettent de sécuriser le recueil de produits sanguins, aucun obstacle ne semble plus s'opposer à un abaissement de la condition d'âge du don du sang, afin de répondre aux besoins grandissants. En outre inclure le pré-majeur dans un processus collaboratif favorable à la santé publique, c'est lui offrir l'opportunité d'intégrer plus précocement et plus concrètement la sphère citoyenne – c'est que vous avez appelé l'engagement, madame la ministre.
Mon engagement en faveur de l'élargissement du spectre des donneurs ne se cantonne pas à l'échelon national. Je soutiens régulièrement nos bénévoles sur le terrain. Samedi encore, je participais à une animation de l'association des donneurs de sang des Pays de l'Aigle. Nous devons avoir une pensée pour tous ces bénévoles qui oeuvrent pour le don de sang.
Le même jour, je déposais également une proposition de loi visant à accorder deux heures par semestre aux salariés pour leur permettre de donner leur sang. Je regrette que la commission ait supprimé ce dispositif de la proposition de loi qui vous est soumise aujourd'hui.
Dans ce contexte, je suis ravie que le groupe Les Républicains ait repris ces propositions dans son projet intitulé dorénavant « consolidation du modèle français du don du sang » dont le rapporteur, Damien Abad, est fortement engagé sur ce sujet.
Bien que le texte fixe un seuil légal supérieur à celui que j'appelais de mes voeux, l'ouverture du don du sang aux pré-majeurs âgés d'au minimum 17 ans est une proposition de bon sens et constitue un véritable pas en avant vers l'augmentation des réserves de produits sanguins. Cette mesure permettra de toucher des centaines de milliers de donneurs supplémentaires.
De même, je ne peux que saluer l'introduction dans cette proposition d'un article 2 bis visant à éradiquer toute forme de discrimination de genre ou d'orientation sexuelle à l'égard des donneurs. Cette disposition contribuerait à supprimer les freins qui entravaient encore injustement le don de certaines catégories de population. Aussi, madame la ministre, je regrette votre opposition à cet article.
En apportant une réponse concrète à l'accroissement de la demande en produits sanguins de la population française, notamment via l'abaissement du seuil légal du don du sang à 17 ans, la proposition de loi déposée par le groupe Les Républicains marque un nouveau progrès dans la lutte contre la pénurie de produits sanguins qui plane encore au-dessus du destin de trop nombreux malades en France.
Parce qu'il est vital pour bon nombre de nos compatriotes, le combat de la consolidation du modèle du don du sang doit continuer. C'est par la généralisation de ce geste altruiste, désormais si banal pour le donneur mais tellement précieux pour le receveur, que nous parviendrons peut-être un jour à sauver tous les Français dont le salut repose sur la seule générosité de leurs concitoyens.
C'est pourquoi, mes chers collègues, je vous appelle à ne pas réserver à cette proposition de loi le même sort qu'aux autres qui ont été soumises à votre vote aujourd'hui.