Certes, on nous assure que le principe de non-discrimination des donneurs en fonction de l'orientation sexuelle est inscrit dans la loi. La belle affaire, quand on sait que les critères de sélection des donneurs, fixés par l'arrêté du 5 avril 2016, nous montrent tout le contraire !
Au début, je pensais – un tantinet naïf – qu'il ne s'agissait là que d'une hypocrisie. Très vite, j'ai compris qu'il fallait voir là une moquerie caractérisée. Mes chers collègues de la majorité, ne commettons pas ici, pire qu'une hypocrisie, pire qu'une moquerie, une fourberie !
Madame la ministre, ne doutez nullement du respect que je vous porte. Je ne permettrai certainement pas d'évoquer, à propos de votre position sur cet article 2 bis, les fourberies de Buzyn. Mais si Scapin cacha sa victime dans un sac, ne nous couvrons pas la tête de ce dernier, et refusons les pirouettes.
Toujours, toujours, j'ai refusé de qualifier les précédentes législatures d'« ancien monde », formule d'une condescendance hors pair – nous serions les meilleurs, les plus forts et tout élu d'une majorité précédente ne représenterait plus rien. Mais nous avons martelé que nous ferions autrement. Alors faisons autrement ! Stoppons ces hypocrisies, et soyons fiers, au-delà de nos différences, de prendre la mesure de cette discrimination qui est bel et bien sous nos yeux.
La véritable question, c'est celle de l'application du principe de précaution. À qui profite-t-il ? Je crains que le scandale du sang contaminé n'ait que trop marqué celui ou celle, et en l'occurrence vous, madame la ministre de la santé, qui est amené à trancher. Seriez-vous réticente, ou du moins seriez-vous trop prudente pour prendre une telle décision ?
Si nous tous ici sommes d'accord pour gommer les discriminations, nous devons, au sein de la majorité, nous interroger sur notre sincère volonté de gommer nos propres hypocrisies.