Intervention de Son Exc M Michael Linhart

Réunion du mercredi 26 septembre 2018 à 17h15
Commission des affaires européennes

Son Exc M Michael Linhart, ambassadeur de la République d'Autriche en France :

J'essaierai de répondre au mieux à ces questions parfois détaillées et éventuellement, nous y reviendrons ou je vous fournirai des compléments ultérieurement.

S'agissant des Balkans, en effet, sur un plan général, l'acceptation des populations de l'Union est une nécessité. Mais il ne faut pas se contenter d'imposer des conditions à ces pays, il faut les soutenir, les féliciter lorsque se produisent des développements positifs, et leur donner des perspectives d'avenir. Certains de ces pays ont encore un long chemin à parcourir, d'autres non. Ainsi l'Albanie par exemple a changé de façon incroyable en dix ou vingt ans, sur le plan économique et en ce qui concerne l'État de droit. Bien sûr, la corruption est importante et il reste beaucoup à faire. Mais l'Europe doit reconnaître les progrès et s'impliquer et dire à ces pays qu'à terme, il y a l'adhésion : sans eux, l'Europe reste incomplète. À l'inverse, la Macédoine est peut-être moins proche de l'Europe et moins préparée aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a dix ans, en raison du blocage occasionné par un problème très spécifique. Mais la Macédoine et la Grèce viennent de faire un pas très important sur un sujet essentiel dans chaque pays – on pouvait perdre les élections sur cette question. Cela va permettre d'aller de l'avant, et il faut le reconnaître. Bien entendu, pour ce qui est de l'adhésion des populations dans l'Union, le rôle des élus est essentiel et pour ma part, j'encourage toujours les institutions à multiplier les contacts.

Sur le plan financier, le budget de l'Union actuellement en discussion va être plus restreint en raison de la suppression de la contribution britannique avec le Brexit. Certains pays pensent qu'il faut maintenir ce budget à son niveau actuel et donc augmenter les cotisations des membres. Notre position est au contraire qu'il faut faire avec le budget disponible et donc redéfinir les priorités et chercher les sources d'économies. On pourrait aussi, mais c'est là un avis personnel, chercher d'autres financements, par exemple par des contributions volontaires sur certains thèmes précis.

Monsieur Jerretie s'est interrogé sur l'évolution de l'Europe sur un plus long terme, qui n'est pas positive à ses yeux. En fait, nous en revenons à la situation que je décrivais initialement. Ce qu'il faut, c'est écouter les populations, comprendre leurs préoccupations, pour regagner leur confiance. Cela n'empêche pas que les hommes politiques doivent aussi prendre des décisions courageuses, au-delà du populisme. Dans chaque pays, il arrive que des « problèmes » après tout mineurs donnent lieu à des décisions au niveau européen. Beaucoup de ces questions pourraient trouver des solutions plus facilement au niveau des États membres ou des régions. En Autriche, cela compte par exemple pour le sujet des produits allergéniques pour lesquels nos citoyens ne comprennent pas la nécessité d'un règlement au niveau de Bruxelles.

Dans le domaine de la défense, nous sommes en faveur de renforcer l'autonomie stratégique de l'Union européenne, bien sûr dans le cadre de notre neutralité. Nous sommes favorables au fonds de défense. À nos yeux, il existe déjà beaucoup d'outils comme la Coopération structurée permanente qu'on pourrait développer davantage. Le renforcement du groupement tactique, ainsi qu'une meilleure coordination du civil et du militaire pourraient être envisagés. Le développement se fait pas à pas, mais il faut renforcer l'autonomie stratégique et c'est au nom d'un pays qui n'est pas membre de l'OTAN que je le dis.

Je n'avais pas conscience des difficultés particulières d'Europol. Pour l'Autriche, la coopération policière et judiciaire est bien un aspect de la politique de sécurité.

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