Il vous est arrivé de présenter à la dernière minute des amendements qui venaient aggraver les charges publiques sans pour autant vous voir opposer cet argument. Et je ne cite pas le nombre d'inventions géniales qui n'ont bénéficié d'aucune étude d'impact. Nous n'avons pas les services de Bercy à notre disposition pour chiffrer les amendements ; vous pouvez proposer de le faire, mais en aucun cas invoquer cette raison pour les rejeter.
Vous expliquez ensuite que ce n'est pas l'outil fiscal qui permettra d'aider les aidants familiaux et qu'il y a déjà un décalage de six points grâce à la CSG. Mais la question centrale n'est pas là. Quand on vous rémunère parce que vous aidez quelqu'un dans votre famille, cela permet à la personne dépendante de demeurer à son domicile au lieu d'être envoyée dans un établissement sans âme. Quel coût cela a-t-il ? Ce n'est pas seulement un coût social ; quand on voit ce qui se passe dans les EHPAD, on doit bien conclure qu'il y a également un coût humain. Maintenir les gens dans leur habitat, cela représente un coût que vous ne pourrez pas chiffrer, et qui existe pourtant bel et bien. On peut mener un débat raisonné pour déterminer si la société offre une juste compensation à cet accompagnement ; quand on sacrifie six ou dix ans de sa vie, on a le droit de voir son action reconnue comme utile. Mais, de grâce, ne vous réfugiez pas, comme vous y a appelés Charles de Courson, derrière des chiffres et des arguments technocratiques : ils ne sont pas à la hauteur des enjeux.