Intervention de François Pupponi

Séance en hémicycle du jeudi 18 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

J'ai bien écouté l'ensemble des interventions dans ce débat. Je mets de côté l'aspect fiscal et purement financier pour exprimer un certain malaise. Permettez-moi d'appeler plusieurs de nos collègues à faire attention aux termes qu'ils emploient dans l'hémicycle lorsqu'ils parlent des outre-mer.

J'ai la chance d'être le député d'une circonscription où les populations ultramarines sont extrêmement présentes. Elles n'ont pas forcément choisi de venir dans cette circonscription proche de Paris. Dans les années 1960, l'État avait mis en place le BUMIDOM – Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer – , qui prenait les populations vivant outre-mer pour les amener en métropole sans qu'elles soient forcément d'accord. Ce phénomène a été organisé par l'État. Ces populations ultramarines se sont donc retrouvées en banlieue parisienne. J'ai grandi avec elles, je les ai écoutées et j'ai appris bien des choses.

Il y a des idées, des attitudes et des mots que ces populations ne peuvent pas et ne veulent pas entendre. Cher collègue Bourlanges, vous avez parlé de la queue des chiens. Je vais vous raconter une histoire de chiens qui ne m'a pas du tout fait rire. Nous parlons ici de descendants d'esclaves. Le système esclavagiste, c'est nous – la France – qui l'avons mis en place collectivement. Nous n'avons pas à exprimer de repentance, mais il faut bien dire que c'est nous qui l'avons organisé. Comment ces territoires sont-ils devenus français ? L'ont-ils voulu ou le leur avons-nous imposé ? Ça aussi, c'est l'histoire de France, qu'il ne faut pas oublier. Nous avons vis-à-vis de ces populations une certaine dette, au moins morale, que nous devons assumer collectivement.

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