Vous avez osé franchir un pas, madame la ministre, pour faciliter une mutation économique locale. Si je ne vous ai rien concédé dans la première partie de nos débats, je considère que vous allez ici dans le bon sens. Mon collègue Serva n'a pas tort de dire que les ZFU ont apporté quelque chose dans les quartiers difficiles, comme celui de Dillon, où le nombre d'entreprises installées est passé de 200 à 2 000. En même temps, on ne peut ignorer les territoires qui ne bénéficient pas d'un tel soutien, comme le nord de la Martinique, devenu un désert médical.
Je suis également favorable à la filiérisation, c'est-à-dire à l'identification des quatre ou cinq grandes filières qui pourraient développer une activité économique structurée, couvrant la formation, l'environnement, les matières premières de base, la transformation et la création de valeur ajoutée.
J'insiste également sur la nécessité d'espaces nouveaux de démocratie économique. On me demande souvent ce que j'entends par là, s'étonnant que je suggère qu'il n'existe pas de démocratie économique ; mais quand le développement économique est structurellement figé, à la racine, depuis trois ou quatre cents ans, il est assez logique que les investissements n'aient aucune chance de s'étendre au-delà des périmètres habités. Ce que je veux, c'est qu'à Grand'Rivière, à Fort-de-France, au François, à Dillon comme à Volga-Plage, on utilise l'intelligence des jeunes pour investir et redonner de la liberté, autrement dit pour libérer les énergies locales.
À cette fin, je puis vous conseiller plusieurs orientations. Vous avez déclaré vouloir continuer à travailler pour éviter tout isolement dans une seule logique. Premièrement, je vois mal comment on peut parler d'une ZFANG globale sans évoquer aussi les ports francs. N'oubliez pas que nos territoires sont des îles : l'important n'est pas de tourner en rond dans notre calebasse, mais d'exporter chez nos voisins et d'importer des matières premières venues de chez eux. Sortons du ridicule qui consiste à importer des matières premières brésiliennes ayant transité par Bordeaux ! Le développement économique à l'échelle locale est bien préférable.
Deuxième observation : au-delà des ports francs, nous avons besoin d'un soutien logistique à l'exportation qui ne se cantonne pas au rhum et à la banane. Il doit aussi profiter aux petites productions locales. On ne peut invoquer nos immenses richesses en matière de biodiversité sans accompagner la production et sa transformation.
Enfin, nous devons être très prudents. Lors de la réunion organisée tout à l'heure par Olivier Serva, président de la délégation aux outre-mer, il a été rappelé que les modifications qu'il est prévu d'appliquer aux zones franches, conjuguées à certaines dispositions du projet de loi de financement de la sécurité sociale, pourraient entraîner, aux dires des acteurs économiques, une hausse des cotisations de 25 à 30 %. Lorsque l'on crée un dispositif, il faut veiller à ce qu'il ne pénalise pas certains secteurs.
Pour en venir à mon amendement, il n'est pas normal de ne pas faire du tourisme une priorité. Il en va de même de l'industrialisation, objet d'un autre de mes amendements.