Cet article a un côté un peu « tartuffe », car, en réalité, il prévoit exactement ce que proposait tout à l'heure M. Larrivé, dont l'amendement a été rejeté. Le périmètre des zones concernées revient à rétablir le contrôle aux frontières. D'ailleurs, tous les orateurs inscrits sur l'article ont parlé, non de lutte contre le terrorisme, mais de contrôle des frontières. Je remarque également que, pour la première fois, l'article mentionne la criminalité transfrontalière. On élargit donc considérablement l'objet de ce texte.
Cela pose un vrai problème, car introduire le sujet des réfugiés et des migrants par le biais du terrorisme ou même de la criminalité, c'est s'engager dans une politique qui a des conséquences concrètes sur le terrain, et qui sera appliquée par les policiers ou les douaniers, y compris dans les zones frontalières. Madame la ministre, vous dites qu'il n'y a pas de contrôle au faciès. Je vous invite à revenir avec moi dans les Alpes-Maritimes, où j'ai passé deux jours. Vous verrez que les personnes arrêtées subissent un contrôle au faciès. D'ailleurs, je n'en fais pas le reproche aux policiers, qui ne font qu'accomplir la tâche que vous leur assignez, puisque votre projet de loi fait mention d' « éléments extérieurs » et fait le lien avec les réfugiés venant d'Afrique ou du Moyen-Orient.
Vous dites que cette politique n'a pas de conséquence, mais elle en a également pour les soutiens des migrants, dont les actions sont aujourd'hui totalement criminalisées. Sachez, par exemple, que Cédric Herrou est surveillé en permanence par six policiers, et que tous les gens qui viennent le voir sont photographiés. On voit bien qu'on sort complètement de l'État de droit.