Il faut revenir aux raisons qui justifiaient, à l'origine, la défiscalisation des biocarburants : il s'agissait aussi de soutenir l'agriculture européenne – et spécifiquement l'agriculture française – en lui assurant de nouveaux débouchés. Cela a été rappelé par ceux de mes collègues qui ont été élus dans des circonscriptions où poussent des betteraves, ce qui n'est pas vraiment le cas de la mienne. Cette défiscalisation visait aussi à encourager la substitution des biocarburants aux carburants classiques, dans une logique équilibrée en ce qui concerne le CO2. Or l'huile de palme ne correspond à aucun de ces deux buts initiaux.
Le groupe Total a intelligemment repéré cette niche fiscale et en tire profit pour son usine de La Mède. Certains estiment que c'est une bonne chose pour ce territoire, menacé par la fermeture de la raffinerie. Mais la fermeture de la raffinerie était, à l'origine, un choix de l'entreprise Total. Dans ma circonscription, la centrale à charbon de Gardanne va fermer : c'est un choix politique, qui ne semble poser de problème à personne ici ! Je participerai demain à neuf heures et demie à une réunion sur le sujet. Je précise qu'il n'y aura pas de substitution de l'activité, mais une élimination pure et simple : 300 familles seront touchées. Voilà ce qui se passe quand aucune puissance économique telle que Total n'est là pour défendre ses intérêts : on raye.
J'assumerai cette perte, je ferai la transition écologique. Depuis mon élection en 2012, je dis qu'il faut remplacer les énergies fossiles, y compris dans ma propre circonscription, et pour cela, j'accepte que 300 personnes soient mises en fin d'activité, que 300 familles soient plongées dans le désespoir. Mais je dis que le caractère extraordinaire des largesses fiscales de l'État envers Total paraît insupportable vu des territoires qui font des sacrifices, comme celui que j'aurai à assumer sur le marché de Gardanne, dès samedi matin.