Ainsi, une nouvelle fois, sans le dire, discrètement, insidieusement, le Gouvernement s'apprête à ponctionner les retraités de ce pays, celles et ceux dont la vie n'a été que labeur et qui aspirent légitimement à profiter de leur retraite aux côté des leurs.
Cette mesure, qui porte les couleurs de la justice sociale, est en fait inique et conduira nombre de retraités à cesser de s'assurer, faute de moyens, et donc à cesser de se soigner. Est-ce bien ce que vous voulez ? Est-ce bien l'ambition que vous portez pour les plus âgés d'entre les Français ?
J'ai ainsi longtemps cru et longtemps espéré en votre capacité à réparer notre système de santé. Depuis lors, j'ai longtemps attendu. Nous avons longtemps attendu, et le monde de la santé avec nous.
Et pourtant, le Président de la République avait tracé la voie, une voie ambitieuse, en annonçant un « changement de paradigme » en matière de santé. Le modèle actuel, hérité des ordonnances de 1958, serait à bout de souffle… Pourtant, votre politique de santé continue de n'être faite que de petits ajustements, de petits bricolages, de quelques pansements posés sur une plaie devenue béante.
Les Français n'en peuvent plus d'attendre. Les professionnels de santé sont aussi à bout, à bout de souffle, de moyens, d'envie, de motivation. Ils ont épuisés, fatigués, lassés.
Il ne faut plus seulement transformer le système de santé. Il faut désormais le reconstruire. Il ne faut plus seulement l'ajuster, il faut le refonder pour répondre au mieux aux enjeux d'aujourd'hui et de demain.
Rappelons que la santé est la première préoccupation des Français, loin devant l'emploi et la sécurité. La santé, la nôtre, celle de nos parents, celle de nos enfants, est notre bien le plus cher.
J'ai longtemps cru que les annonces portées au plus haut niveau de l'État trouveraient dans ce projet de loi un écho, une manifestation concrète. J'ai longtemps cru que les engagements portés par le Président de la République ou le Premier ministre lors du Conseil stratégique des industries de santé – CSIS – seraient suivis d'effets concrets et tangibles.
Mais il n'y a dans ce texte que l'ombre de cette vision affichée. Ce projet de loi n'est ni plus ni moins ambitieux que ceux qui l'ont précédé ces dernières années. Il ne sera donc ni à la hauteur des attentes légitimes des Français, ni à la hauteur de cet héritage qui, sept décennies plus tard, continue de nous engager.
Il n'y a pas de vision systémique du système de santé.