Intervention de Jean-Carles Grelier

Séance en hémicycle du mardi 23 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Carles Grelier :

Dès lors, le système de santé exige une attention nouvelle, qui ne se couvre pas seulement de l'apparat des bonnes intentions. Il réclame qu'on lui porte un nouveau regard. Car, derrière le choix d'une politique de santé, il n'y a pas que des éléments comptables et budgétaires, il y a véritablement un choix de société.

Les réponses apportées aux problématiques de santé entraînent des conséquences décisives pour notre pays. Selon les choix qui sont faits, on peut améliorer ou empirer la situation d'aujourd'hui, la rendre plus prospère ou plus précaire pour chacune et chacun des Français.

La prospérité en santé n'est pas moins importante que la prospérité économique. Elle n'est pas moins importante que la prospérité budgétaire. Elle est un enjeu, un défi majeur. Elle nous engage pour l'avenir.

Alors, il est plus que jamais nécessaire que le ministre de la santé cesse de n'être que le petit télégraphiste de l'assurance maladie qu'il est depuis des années. J'avais rêvé, madame la ministre, que vous fassiez de la prévention non pas le titre de l'un de vos nombreux plans, mais la priorité de votre mandat.

La France s'enorgueillit souvent d'avoir le meilleur système de santé au monde. Elle a certainement le meilleur système de soins, mais pour prétendre être le meilleur système de santé au monde, encore faudrait-il se pencher sur le coût et les incidences que l'absence d'une vraie politique de prévention ne manque pas d'entraîner.

Or nul ne peut contester que les déterminants liés à l'environnement, à l'éducation et aux conditions de vie et de travail ainsi que les comportements expliquent cette situation. Autant de domaines dans lesquels il est urgent d'investir de manière préventive un grand nombre de professionnels de santé.

Dans un classement publié par The Lancet en 2016 et prenant en compte 33 indicateurs liés à la santé, la France arrive en vingt-quatrième position. Les facteurs péjoratifs dans ce classement sont principalement évitables par la prévention – consommation de tabac et d'alcool, surcharge pondérale et obésité, suicides, infection par le VIH.

Pourtant, face à l'urgence de la situation, rien n'est fait, ou si peu. Le service sanitaire est une anecdote. L'élargissement de la vaccination et la hausse du prix du tabac sont sans doute une nécessité, mais en aucun cas l'arbre devant cacher la forêt de ce chantier immense qu'est la prévention.

J'avais rêvé que dans un pays comme le nôtre, développé, riche d'une expertise et d'un tissu médical de qualité, où la sécurité sociale est l'un des fondements du pacte républicain, la prévention ne serait pas seulement un catalogue de mesures utiles, mais inefficaces quand elles sont fragmentées. J'avais rêvé que dans notre beau pays composé de 66 millions d'âmes, la prévention, supposée être votre priorité, madame la ministre, ne serait pas laissée sans moyens humains et financiers supplémentaires.

Comment expliquer aux Français que seulement sept experts se partagent au sein de Santé publique France la recherche, le suivi et l'évaluation des actions de prévention relatives au tabac et l'alcool, quand tout reste à faire ? Comment justifier que dans un pays comme la France, où l'éducation nationale est l'autre pilier du socle républicain, la médecine scolaire est dans une situation telle qu'avec 1 500 médecins et 8 500 infirmiers scolaires, la probabilité que l'un des 12 millions d'élèves croise un jour un médecin scolaire est devenue ridiculement anecdotique ?

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