Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du lundi 10 juillet 2017 à 16h00
Renforcement du dialogue social — Présentation

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

L'internationalisation et les nouvelles technologies ont rendu le marché du travail plus exigeant et plus incertain. Selon les études de l'OCDE et de nombreuses autres études, environ 10 % des emplois sont menacés de disparition dans les dix ans par l'automatisation des tâches que permettront la robotisation ou le numérique, autant au moins seront créés – probablement beaucoup plus – et 50 % seront profondément transformés. L'enjeu d'un plan massif de développement des compétences des jeunes, des demandeurs d'emploi et de l'ensemble des actifs est donc posé. C'est l'objectif du plan d'investissement dans les compétences et de la réforme de la formation professionnelle que nous entendons mener dans les prochains mois. S'agissant de la réforme de la formation professionnelle, j'aurai l'honneur de venir vous présenter un texte dans quelque temps. Ce sujet est essentiel pour que les actifs soient acteurs de leur propre devenir professionnel et ne subissent pas simplement ces évolutions.

La réforme de la formation professionnelle s'inscrira dans le droit fil de l'existant tout en renforçant les droits individuels à la formation. Cette logique centrée sur l'individu doit aussi inspirer la réforme de l'assurance chômage. Si, comme l'annonce en a été faite durant la campagne pour l'élection présidentielle, nous souhaitons ouvrir l'assurance chômage aux démissionnaires dans certaines conditions ainsi qu'aux indépendants, afin de les accompagner et de les sécuriser dans leur choix de changer de carrière, c'est parce qu'aujourd'hui, et encore plus demain, chacun pourra avoir plusieurs statuts au cours de sa vie professionnelle – salarié, entrepreneur, indépendant. Il convient donc d'évoluer dans tous les domaines d'une protection par statut à une protection de la personne qui soit transportable en donnant davantage de droits pour créer davantage d'égalité et davantage de liberté.

Mesdames et messieurs les députés, l'objectif ultime que nous poursuivons par l'ensemble de ces réformes de rénovation du modèle social, en commençant par ce premier volet qu'est le code du travail, est de redonner du sens au travail. Nous le faisons en réhabilitant l'initiative individuelle et collective, et en nous appuyant sur un dialogue social et économique renforcé, qu'il convient de placer au coeur du notre modèle social et du modèle d'entreprise.

Mais, pour redonner du sens au travail, il faut considérer l'entreprise non pas seulement comme un lieu systématique de conflits, mais aussi comme une communauté humaine, au service d'un objectif de progrès économique et social.

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