Monsieur le Premier ministre, samedi, à Pittsburgh, onze personnes ont été assassinées parce qu'elles étaient juives. Notre compassion va aux familles des victimes et notre devoir est de rappeler que la haine des juifs est la récurrence abjecte de l'histoire. L'« antisémitisme ordinaire » multiséculaire, pour reprendre les mots de Robert Badinter, prospère aux États-Unis mais également dans notre pays, à la fac de médecine de Paris, sur les réseaux sociaux et à travers des agressions physiques en constante augmentation.
Tout comme le tueur de Pittsburgh avait déversé sa haine sur internet, y avait banalisé ses mots, y avait même annoncé ses meurtres, chez nous les sites de Dieudonné ou de Soral crachent librement leur négationnisme au visage de la République. Physiquement ou sur internet, à cette violence antisémite qui nie ce que nous sommes, s'ajoute la violence homophobe, qui s'en prend à la différence, s'ajoute la violence scolaire, qui s'en prend à ce qui nous élève, s'ajoutent les violences urbaines, qui limitent notre sécurité d'aller et venir. Qu'elle soit orale, écrite, physique ou numérique, c'est la même violence qui attaque notre démocratie de l'intérieur.