et d'émettre le souhait qu'avec celui-ci, nous puissions continuer à travailler dans les meilleures conditions, comme cela a été le cas depuis le début de la législature.
Vous m'interrogez, monsieur le président, sur les actes criminels antisémites qui se sont déroulés à Pittsburgh, aux États-Unis, causant la mort de onze personnes, assassinées dans un lieu de prière parce qu'elles étaient juives. Je veux dire, exactement comme vous, la tristesse, la consternation et aussi l'indignation que suscitent ces actes criminels. Vous avez souligné que l'antisémitisme est partout et toujours un indicateur terrible du délitement de nos sociétés, des menaces pesant sur la démocratie et sur la façon dont nous avons choisi de vivre en commun. Je partage votre avis et, comme vous, j'exprime une forme d'inquiétude.
Cette inquiétude est immédiatement tempérée par une très grande détermination car la pire des choses serait de se résigner, de ne pas voir, de ne pas dire, de ne pas reconnaître et de penser que l'on ne peut rien faire. Or, en vérité, je pense qu'on peut faire beaucoup, qu'on peut ne rien laisser passer, qu'il s'agisse d'actes criminels, de violences verbales, de violences anonymes comme il en existe tant sur les réseaux sociaux ou encore d'incitations parfois perfides à la haine antisémite ou à la haine raciale, quelle que soit d'ailleurs la cible de cette haine.
Ne rien laisser passer doit s'accompagner d'une volonté très intense de protéger. Je salue la décision prise par le ministre de l'intérieur, dès qu'a été connue l'attaque de Pittsburgh, d'augmenter le niveau de protection accordée aux lieux de culte en France, afin d'éviter qu'après ce crime, d'autres ne soient commis sur le territoire national.
Outre la protection, nous devons éduquer, informer et, d'une certaine façon, avoir foi envers l'intelligence et la liberté humaine : dire, répéter, montrer combien les comportements et les actes antisémites sont inacceptables ; dire combien notre démocratie s'honore à chaque fois qu'elle lutte contre les actes de haine, qu'ils soient racistes ou homophobes, quelles que soient les convictions de la personne visée, ce qu'elle est, ce qu'elle croit, ce qu'elle choisit d'être.
C'est un combat pour la démocratie et, en englobant tous ces thèmes, monsieur le président, vous avez exprimé le sentiment que votre inquiétude était celle d'un démocrate et d'un républicain – j'insiste sur les deux – face à des remises en cause de notre démocratie. Oui, notre démocratie est fragile, et elle l'a toujours été ; les temps triomphants où l'on espérait que la démocratie finirait par s'imposer parce qu'elle était tellement supérieure à tous les autres modes d'organisation sont révolus, et cette époque n'est jamais venue.
Nous devons défendre la démocratie, nous le devons tous les jours. Il y a ceux qui la défendent par profession, qui y croient et font beaucoup pour elle : les forces de l'ordre, les magistrats et les professeurs, qui ont un rôle éminent à jouer. Et puis, au-delà, il y a les citoyens ! La démocratie n'est jamais plus fragile que quand nos concitoyens n'y croient plus, quand ils souhaitent eux-mêmes y renoncer. Notre rôle d'hommes et de femmes, mesdames et messieurs les députés, c'est de veiller à ce que la lumière de la démocratie continue à briller dans l'esprit de chacun de nos concitoyens et de faire en sorte que chacun de nos concitoyens estime qu'il est lui-même le premier et le principal rempart contre les attaques qu'on peut lui porter.
Le 03/11/2018 à 23:28, laïc a dit :
"Et puis, au-delà, il y a les citoyens ! La démocratie n'est jamais plus fragile que quand nos concitoyens n'y croient plus, quand ils souhaitent eux-mêmes y renoncer. "
Si vous ne leur demandez jamais rien, les citoyens ne risquent pas de croire en la démocratie. La démocratie, ce n'est pas un bulletin de vote anonyme parmi des millions une fois tous les 5 ans, et puis après, au revoir… Non, la démocratie, c'est tout le temps, ou jamais.
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