Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du mardi 3 octobre 2017 à 15h00
Fin de la recherche et de l'exploitation des hydrocarbures — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

J'en suis heureux, cher collègue ; n'oubliez pas de voter notre motion !

Mon exemple concerne le bassin aquitain, et plus précisément le gisement du gaz de Lacq, qui emploie 7 000 personnes. Depuis sept ans, l'intégralité du gaz est prélevée par des industriels au sein du complexe. Le gaz est produit à un prix très compétitif, constant et durable, et concurrence fort bien la production des pays du Moyen-Orient riches en pétrole, comme l'Arabie Saoudite. Ce gisement dispose de quatre-vingts années de réserves, à volume d'extraction constant. Je salue à ce propos David Habib, qui, bien que n'appartenant pas à notre groupe, approuvera certainement, en qualité de représentant de cette circonscription, les éléments factuels que je vais vous communiquer. Il y a là-bas, monsieur le ministre d'État, une industrie de thiochimie, spécialisée dans le soufre : c'est le pôle le plus important au monde.

De ce point de vue, on ne peut que s'inquiéter de la suppression de toute autorisation d'exploitation des hydrocarbures, contenue dans le texte initial – même si vous avez expliqué, dans le cadre de votre intervention liminaire, que vous envisagiez de revoir les choses, par voie d'amendement.

Vous proposez au Parlement un texte qui a fait l'impasse sur la principale locomotive en matière d'emplois dans ce secteur, à savoir le gisement de Lacq. De fait, la suppression de toute autorisation d'exploitation des hydrocarbures à partir de 2040 mettra en jeu 2 500 emplois, dont 750 pour la seule entreprise ARKEMA. En réalité, votre texte a tout simplement oublié – je dis bien oublié – le gisement de Lacq. Cet oubli manifeste est la parfaite démonstration, mes chers collègues, qu'il n'y a pas eu d'étude d'impact sérieuse sur le texte qui nous est soumis. Comment pourrais-je avoir confiance, monsieur le ministre d'État si, dans votre texte, vous avez oublié le principal gisement de gaz naturel de France ? Qui me dit que, s'agissant d'éléments peut-être plus précis, relatifs au gaz de mine, au gaz de houille, concernant différents gisements, différents détails techniques, vous n'avez pas oublié d'autres points, omis d'analyser de manière plus approfondie l'impact économique des mesures proposées ?

Vous avez parlé de la co-construction. Elle se fait évidemment avec l'opposition. Votre prédécesseur, Mme Royal, parlait beaucoup de la co-construction ; malheureusement, en la matière, elle était croyante, mais pas pratiquante… La co-construction aurait dû débuter dès la phase d'amont de ce texte. Je vous alerte aujourd'hui, mais d'autres élus et parlementaires, de tous bords, l'ont signalé au Gouvernement – un parlementaire parlait même d'un projet hypocrite et économiquement suicidaire. Par gentillesse, pour ne pas le gêner – il est dans l'hémicycle – je ne citerai pas son nom. Même des collègues de La République en marche et du Mouvement démocrate – citons par exemple Jean-Paul Mattei – ont plaidé pour une alliance transpartisane pour sauver les usines du bassin de Lacq. Vous dites que nous sommes dans la co-construction, monsieur le ministre d'État, mais, avant de fermer les mines de charbon et les puits de pétrole, le Gouvernement a fait preuve de fermeture à l'égard des élus du terrain. Je crois que ce n'est pas la bonne méthode.

Si nous partageons tous l'objectif consistant à verdir l'économie et à sortir de l'addiction aux hydrocarbures, en aucun cas les mesures que vous nous proposez ne doivent conduire à un affaiblissement de l'appareil industriel de la France, au moment où – vous le savez pertinemment – nous entretenons des débats sur la filière TGV et les chantiers navals. Je crois qu'il faut faire très attention. Nous ne pouvons pas nous permettre, chers collègues, quelle que soit la portée de nos ambitions, d'asphyxier, comme cela, au détour du débat sur un texte, une filière, une région et des emplois.

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